Homélies
Homélie du 3ème dimanche de Carême Année B
Dimanche dernier, il était question de la montagne où eut lieu la transfiguration de Jésus et la rencontre avec Dieu. Cet évènement suscita la joie des disciples présents et leur envie de bâtir des tentes afin de demeurer en cet endroit. Pour la suite, Il faut comprendre que Dieu n’est pas à un seul endroit sur la montagne. Sa présence nous accompagne toujours et partout, là où nous sommes dans la vie de tous les jours. Pour cela, il nous est nécessaire de redescendre sur terre pour vivre de cette présence et discerner les signes de celle-ci partout où nous nous trouvons, là où vivent nos frères et sœurs en l’humanité
Dans les lectures d’aujourd’hui, il s’agit de ce Dieu qui entretient cette alliance avec son peuple par l’entremise de sa loi. Laquelle se résume à l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Un amour qui nourrit, libère, fait grandir, porte des fruits et fait vivre. Dans notre vie, nous devons nous référer à ce Dieu d’amour et lui faire confiance, lui qui en est l’auteur et la source. Respecter sa loi, c’est non seulement respecter Dieu lui-même, mais aussi et surtout respecter le destinataire de cette loi. Et ce destinataire, c’est bien chacune et chacun d’entre nous !
Le respect, Dieu l’exige aussi vis-à-vis de sa maison. Celle-ci est le lieu de rencontre et de communion profonde avec lui, de l’union profonde avec sa loi et son peuple. Quand on connaît Dieu, on connaît aussi sa maison. Il est près de nous dans sa création, appelée par le Pape François notre ‘maison commune’, là où vivent les gens, qu’ils soient en société, en communauté, en famille et partout où il y a l’humain et où il y a de la vie. Profaner ces endroits, c’est profaner Dieu, c’est-à-dire s’approprier tout ce qui est Dieu, en faire un autre usage… Un usage qui se concrétise dans toutes sortes de commerces, loin d’une communion profonde avec Dieu et d’une vraie écoute de sa Parole.
C’est contre de telles attitudes corrompues que se justifie le sens du geste de Jésus vis-à-vis des marchands du Temple. Ceux-ci sont tombés dans le pur et simple commerce et en ont fait le seul but de leur présence dans ce Temple. Pourtant, à l’origine, ce genre de commerce était d’abord un service d’aide en vue de l’offrande à Dieu dans le Temple. Et Jésus insistera sur ce respect de Dieu à travers le respect de sa loi, comme celui de sa maison, représentée par tous les lieux de sa présence. Et un de ces lieux, en priorité, c’est la personne humaine. C’est pour cette raison que le contenu de la loi se résume à aimer Dieu et son prochain. C’est vrai, comme dit saint Paul, qu’une telle loi exige au préalable une communion avec Dieu, pour mieux connaître sa volonté et son amour. Et le Christ est là pour le rappeler. Faisons Lui confiance !
Homélie du 2ème dimanche de Carême
Toutes les histoires racontées dans la Bible ne sont pas des contes de fées rédigés pour nous endormir. Elles ne sont pas non plus un récit détaillé de faits historiques d’une époque ou d’un peuple.
Elles sont avant tout notre histoire, l’histoire de notre humanité ! En effet, nous pouvons nous retrouver en chacune d’elles. Ces récits bibliques nous décrivent comment Dieu nous parle encore aujourd’hui. Nous avons tous en nous quelque chose d’Abraham, d’Isaac, de Moïse, d’Elie, de Jésus ou encore de bien d’autres témoins bibliques.
Comme nous l’avons entendu dimanche dernier, Dieu établit une alliance avec chacun et chacune de nous, au jour le jour, mais également dans toute la durée de notre vie. Son alliance avec l’humanité est éternelle ! Il est d’une fidélité indéfectible et sa présence nous accompagne toujours, même à travers les turpitudes de nos vies, dans les moments de joie comme dans les moments de peine. Même et surtout quand nous sommes confrontés à toutes sortes d’épreuves, celles qui nous font croire qu’Il n’est pas là, celles où nous sommes éprouvés, bousculés dans ce que nous avons de plus précieux, comme la rude expérience d’Abraham.
Comment croire qu’il est toujours présent lorsqu’on assiste impuissant aux crimes perpétrés contre des innocents, des femmes, des enfants, des familles entières massacrées sur les autels du pouvoir, de l’argent, des dictatures, de la haine, du terrorisme, de la barbarie ?
Dieu est toujours là et il souffre avec nous devant toutes ces atrocités de notre monde. Malgré nos désarrois, il nous faut ajuster notre regard, extérieur comme intérieur, et apprendre à décoder les signes de sa présence, à entendre son message, ce qu’il veut nous dire dans l’immédiat ou dans la durée. Parce que son alliance se perpétue de génération en génération.
Certains chrétiens ont donné le témoignage de sa présence dans des situations aussi terribles que les camps de la mort. S’il nous arrive de douter de cette présence et de nous éloigner de Lui, alors nous avons besoin d’être éclairés dans notre foi, dans notre démarche spirituelle, pour finalement redire avec saint Paul : « Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Rom. 8, 31b
Prions dans la foi pour que rien ni personne ne puisse briser cette relation au plus intime de notre être.
Et ce temps de Carême nous donne l’occasion d’aller à la rencontre de ce Dieu qui nous attend et donne sens à notre vie. Quarante jours de réflexion en profondeur pour nous laisser transfigurer par la Parole de Dieu, pour accueillir la lumière qui éclaire nos cœurs sur ce que nous sommes réellement et ce que nous pouvons faire de notre vie : dans nos relations avec ceux qui nous entourent, ceux que nous connaissons et ceux que nous pouvons apprendre à mieux connaître. Ce temps de carême m’invite donc à mourir à moi-même, à mon amour propre, à mon égocentrisme, pour oser dresser trois tentes : une pour Dieu, une pour les autres et bien sûr une pour moi-même.
Homélie 4ème dimanche de l’Avent. Année B
À quelques heures de la fête de Noël, deux visages nous sont proposés par rapport à l’accueil de cette fête de la nativité. Il s’agit du visage du roi David et de celui de Marie.
Le roi David est une grande référence dans l’histoire sainte ; il a laissé son nom et joué un rôle de premier plan parmi les ancêtres de Jésus. Choisi au départ par Dieu et tout en étant un grand roi, David n’en fut pas moins un grand pécheur, allant jusqu’à éliminer un de ses officiers pour lui prendre sa femme, future mère d’un autre roi, Salomon. Mais malgré son péché et surtout grâce à son repentir, il a continué à bénéficier de la confiance et de la fidélité de Dieu. Comme le dit l’adage populaire, Dieu écrit droit avec des lignes courbes. Il est comme un GPS : il sait récupérer quelqu’un là où il s’est perdu pour le ramener sur le bon chemin. Il sait que chacun peut être amené à rater sa cible et ensuite être aidé à s’améliorer pour mieux viser par la suite, c’est-à-dire à se convertir et à changer de comportement.
Et pourtant, David, dans la folie de sa grandeur, pensait tout maîtriser, tout contrôler, tout ramener à lui, même s’approprier Dieu et lui bâtir une demeure digne de lui. Ce qui lui vaudra un reproche de manque d’humilité et de reconnaissance vis-à-vis de ce Dieu qui l’a choisi et établi roi ; en lui demandant d’avoir une attitude d’ouverture, d’accueil, de disponibilité et de confiance vis-à-vis de Dieu qui lui a confié cette mission. C’est comme instrument de Dieu, toujours à son écoute, qu’il était appelé à exercer sa charge auprès du son peuple.
L’attitude de David tranche précisément avec celle de Marie qui, elle, se déclare servante du Seigneur, prête à faire sa volonté, dans l’abandon total, la patience et la confiance. C’est cette humilité qui lui a valu d’être un agent efficace entre les mains de Dieu et une intermédiaire de premier plan de l’incarnation de son fils. À Marie comme à David, le Seigneur demande l’ouverture du cœur pour s’y installer et y bâtir sa demeure. C’est lui qui les choisit et qui les envoie. C’est aussi le même appel qui nous est lancé aujourd’hui, à l’approche de la fête de Noël. Un appel qui nous invite à ouvrir nos portes, celles de notre cœur, celles de nos communautés et de nos églises, pour laisser le Seigneur entrer et y établir son habitation. Et comme le roi David, prenons conscience de tout ce qui peut être de notre part orgueil, autosuffisance pour nous laisser instruire par le Seigneur. Abandonnons-nous à sa volonté et à son Esprit pour mieux vivre le mystère de Noël et la venue de notre Dieu parmi nous. Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton
Homélie du 3ème dimanche de l’Avent. Année B
Au désert, comme nous l’avons lu dimanche dernier, Jean-Baptiste attire des foules. Et pourtant il n’a rien en apparence pour séduire ! Il porte une tenue débraillée et bizarre ! Il est farfelu, mais il attire du monde. Pourtant, dans son message, il accomplit pleinement la mission qui est la sienne. Quand les gens lui posent la question pour savoir qui il est, il répond simplement qu’il est la voix qui crie dans le désert. Pourquoi ? Pour préparer le chemin et accueillir le Messie qui vient. Ce Messie dont il parle est au milieu des gens, mais ceux-ci ne le reconnaissent pas. Jean-Baptiste réussit à détourner les gens de leurs préoccupations, de leurs soucis, de leurs épreuves pour les orienter vers le Messie présent au milieu d’eux. En effet, toutes ces épreuves et toutes ces préoccupations quotidiennes font que ces gens ont les oreilles bouchées, les yeux aveuglés, les cœurs endurcis. Ils ne savent pas voir et reconnaître le Messie qui est la lumière brillant au milieu d’eux. Jean-Baptiste a la mission de leur faire savoir qui doit venir après lui. Il ne profite pas de la popularité et de la notoriété qu’il a momentanément pour détourner son auditoire de cette lumière en la tournant vers lui. Il est tellement authentique, tellement vrai dans sa mission qu’il ne pense même pas à sa propre personne.
Au milieu de nos détresses, de nos recherches de sens dans nos vies, de nos multiples interrogations, découvrons cette figure de Jean-Baptiste, l’authenticité de sa mission et laissons-nous interpeller par sa parole. Que celle-ci nous habite et nous guérisse de l’intérieur, pour que nos oreilles, nos yeux et nos cœurs soient purifiés et s’ouvrent pour reconnaître le Messie toujours présent parmi nous. Il est la lumière qui brille au cœur de notre monde et en chacun de nos frères et sœurs. Puissions-nous le reconnaître comme tel, l’écouter, le servir, l’aimer, en écoutant, en servant, en aimant nos frères et sœurs.
Noël, aujourd’hui, n’est pas une fête à attendre, à préparer. Noël est dans notre vie de tous les jours ; il est toujours là à travers nos gestes, nos réalités quotidiennes d’amour, de service, de respect mutuel, de pardon, de tolérance, d’amitié, de solidarité et de fraternité. Une découverte authentique et en profondeur de Jean-Baptiste et de sa mission nous aidera, nous aussi, à devenir des Jean-Baptiste qui montrent aux autres la Lumière du Messie brillant parmi eux.
Homélie 2ème dimanche de l’Avent, année B
En ce deuxième dimanche de l’Avent, Jean-Baptiste nous invite à aller avec lui au désert pour une bonne mise à l’écart afin d’entamer une meilleure écoute, une bonne préparation et, enfin, une bonne mise en route. Nous savons tous ce que le désert représente pour chacun de nous. Il peut être un désert au sens propre du terme comme au sens figuré. Au sens propre, le désert renvoie à la sécheresse, à une terre aride, remplie de sable, sans eau bien sûr, avec à peine quelques oasis de verdure par-ci par-là. Oser affronter le désert, c’est oser mener un certain combat contre toutes ces réalités qui ressemblent à des forces contraires aux forces de la vie. Et il faut être bien préparé pour l’affronter et s’y engager. Quant au désert au sens figuré, il renvoie à toutes les épreuves de la vie qui ressemblent à des vides en nous, à des forces négatives qui nous tirent vers le bas au lieu de nous motiver et de nous tirer vers le haut.
Jean-Baptiste a une mission importante à accomplir, un message primordial à faire passer. Il ne comprend sûrement pas bien que les gens vers lesquels il est envoyé ne sont pas préparés à l’accueillir et à l’écouter. Il faut qu’ils osent évoluer, à la fois à l’extérieur et à l’intérieur, en changeant de direction et de regard et en vivant une conversion de cœur en profondeur. Le message que Jean Baptiste apporte contient une ‘Bonne Nouvelle’ : c’est un message de consolation, comme l’annonce le prophète Isaïe dans la première lecture de ce jour. Pour adhérer à cette Bonne Nouvelle, le peuple doit se dépouiller de multiples fardeaux inutiles, de peur, de culpabilité, d’asservissement des uns par les autres et vivre la joie de cette Bonne Nouvelle.
Le message d’Isaïe, l’appel à la conversion de Jean-Baptiste sont d’actualité pour nous aujourd’hui. Comme le peuple d’Israël, nous nous trouvons parfois face à des épreuves de tout genre, confrontés à des puissances contraires aux forces de vie, de joie et de paix. Il nous arrive d’être embourbés dans une ambiance défaitiste qui nous écrase, nous bouche les oreilles et nous empêche d’entendre une Bonne Nouvelle qui nous secoue et nous pousse à changer de regard, à aller de l’avant et à oser de nouveaux commencements. De nouveaux commencements, d’abord pour nous-mêmes et ensuite pour devenir des Isaïe, des Paul et des Jean-Baptiste pour nos contemporains. C’est pour nous le moment d’aller au désert avec Jean-Baptiste, de nous laisser convaincre par son appel ; afin de changer, nous aussi, de regard pour découvrir cette Bonne Nouvelle toujours là à notre portée et d’aider nos frères et sœurs à la découvrir, eux aussi, pour que la joie de cette Bonne Nouvelle de salut et d’amour soit notre cheval de bataille et une lumière pour nous d’abord, et ensuite pour notre humanité. Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton
Homélie du 25ème dimanche du Temps Ordinaire Année A
« Mes pensées ne sont pas vos pensées. »
Oui, nous ne pensons pas comme Dieu ! Est-ce que dans la logique des choses de donner autant à celui qui vient d’être embauché qu’à celui qui a travaillé toute la journée ? Voilà une parabole qui ne laisse personne indifférent. Elle peut agacer des patrons qui trouvent la situation irréaliste, irriter des travailleurs qui trouveraient cela trop facile, révolter des chrétiens qui pensent que d’autres pourraient aller au ciel sans avoir fait tout ce qu’ils ont fait de bien. « Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi je suis bon » dit le Maître à celui qui lui fait des reproches.
En recherchant le véritable sens, cette belle parabole peut réjouir ceux qui verront d’abord la générosité et la bonté de Dieu.
La justice distributive voudrait que les premiers embauchés reçoivent plus que les derniers.
Or ce n’est pas le cas. Ils reçoivent le salaire convenu ; ils ne sont donc pas lésés. Mais ils récriminent et se révoltent. Leur réaction évoque ce que nous vivons quotidiennement dans les petites choses comme dans les grandes, comme humains ou comme chrétiens. Elle évoque aussi notre ignorance de Dieu ou la non-coïncidence des pensées de Dieu avec les nôtres. Nous ne pourrons qu’être blessés, humainement parlant, parce que nous ramenons tout au niveau de nos mentalités, de nos cultures et traditions, de nos ambitions.
Comme chrétiens, par exemple, nous serons tentés de faire valoir des droits sur d’autres, parce que nous pensons faire plus qu’eux. Nous regardons le sort des autres et nous devenons envieux ou prétentieux. Nous passons à côté de cette pureté de cœur, dont parle Jésus, pour voir ce que Dieu leur demande ou leur a donné, ce qui leur convient le mieux. Nous nous comparons aux autres, nous en devenons chagrins ; la vie nous devient pesante et notre vie chrétienne un lourd fardeau à traîner.
C’est la révolte du prophète Jonas devant la tendresse et la pitié du Seigneur qui l’envoya en mission à Ninive, une ville perverse et païenne. Jonas a entrepris un combat intérieur pour ajuster ses pensées à celles de Dieu et accepter la gratuité et l’universalité de l’amour, de la miséricorde et de la bonté de Dieu. Une gratuité, un amour, une miséricorde et une bonté…qui n’exclut personne. Donc, Dieu ne peut pas être emprisonné dans les limites de nos raisonnements. Nous ne devons pas non plus lui en vouloir, parce qu’il est bon. Nous sommes appelés, nous aussi, à passer par ce combat intérieur pour guérir de nos blessures intimes, qui nous empêchent de sortir de nous-mêmes, d’ajuster nos pensées à celles de Dieu et participer ainsi au festin et à la vie qu’il prépare pour tous ses enfants. Non seulement pour nous, mais pour les autres aussi. Nous ne pourrons pas être heureux en nous comparant aux autres, en regrettant d’être ceci ou cela, de ne pas être ceci ou cela. Se comparer, c’est entrer dans une spirale de rivalités, d’inquiétudes et de manque de paix intérieure. Au contraire, si on fixe son cœur sur Dieu, on verra mieux ce qu’il nous a donné ou nous comprendrons mieux que la part d’héritage qu’il nous a laissée est celle qui nous convient le mieux et nous trouverons alors la paix, parce que cela sera garanti par son amour.
Wenceslas Mungimur
Saint-Laurent/Virton
Homélie du 23ème dimanche du Temps ordinaire. Année A
Les trois textes d’aujourd’hui nous rappellent la solidarité et la responsabilité qui existent, d’une façon ou d’une autre, dans la chaîne humaine que nous formons toutes et tous. Dans ces trois lectures, il est question de la vie en communauté. En raison de la diversité de nos vies et de nos caractères et aussi avec toutes les lois liées à la protection de la vie privée, nous devons reconnaitre que la vie en communauté ne va pas de soi. Lavie est sacrée. Chacun fait de sa vie ce qu’il veut et personne n’a le droit de s’en mêler. Cette attitude entraîne inévitablement une espèce d’indifférence, les uns vis-à-vis des autres. On laisse pourrir certaines situations aberrantes et désastreuses : des enfants maltraités, des familles qui se disloquent, des violences, des injustices criantes, des personnes âgées abandonnées, des jeunes qui sombrent dans l’alcoolisme ou la drogue…Le tout au nom de la soi-disant liberté individuelle. Mais curieusement, cette indifférence n’empêche pas de glisser de temps à autre un petit commentaire dans lequel on parle non pas à l’autre, mais de l’autre.
Or, une communauté, dans le sens d’une vie partagée ensemble, requiert une vraie communion de pensée, d’objectifs, d’amitié et d’amour. Il n’y a pas d’échange ni de partage entre des personnes qui ne se connaissent pas, étrangères les unes aux autres. L’étranger, bien sûr, au sens figuré du terme. Parce que l’on peut vivre sous un même toit, être d’une même famille, tout étant étrangers les uns des autres. Une réelle communion n’existe qu’entre amis, entre frères et soeurs. Dans l’évangile, Jésus dit: « Si tu vois que ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul ». Un frère et une sœur ne sont pas n’importe qui. ! Ce sont des personnes avec qui on a des relations privilégiées, des êtres que l’on aime, et avec qui on entretient des liens solides d’amitié, d’affection. Un frère, une sœur sont des personnes dont on ne supporte pas de les voir s’enfoncer dans le mal. Mais surtout des gens avec qui on a l’habitude de parler franchement. On sait leur parler avec tact, délicatesse, dans une écoute mutuelle fondée sur l’amour.
C’est dans ce contexte qu’intervient un avertissement fraternel. « Va le trouver seul à seul », nous dit Jésus. C’est un peu dans le sens de la dette d’amour dont nous parle Saint Paul. On ne peut pas laisser celui ou celle que l’on aime s’enfoncer dans le mal sans s’en préoccuper. Et quand nous nous sentons aimés ; nous restons ouverts et disposés à accueillir une remarque de l’autre, de façon polie et respectueuse. Dans ce cas, je ne me sens pas enfoncé, blessé ni écrasé. Je ne suis pas en face de quelqu’un qui me donne des leçons, inspiré par la jalousie ou le mépris. Je comprends vite que ce que l’autre me dit est inspiré par une profonde amitié et par le souci de me protéger, de me prévenir d’un danger, bref de me sauver.
Ces conseils de Jésus sont utiles pour nous éviter certaines petites bombes à retardement, qui finissent par éclater tôt ou tard. C’est pourquoi, comme avec Jérémie, nous sommes appelés à être des guetteurs les uns pour les autres. Le guetteur n’est pas celui qui part en guerre, mais celui qui avertit du danger menaçant, qui sonne l’alarme et réveille les assoupis. Un guetteur n’est pas un redresseur de torts, ni un espion curieux, mais il veut le bien de ses frères, en les protégeant du mal. Il n’est pas à l’affût des fautes, des erreurs, des faiblesses ou des faux pas…Il est celui qui met l’amour en priorité. Or, que signifie aimer, si ce n’est d’abord se réjouir et vouloir le bien des autres. C’est aussi le rêve et la volonté de Dieu.
Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/ Virton
Homélie du 22ème diamnche ordinaire Année A
Il est difficile de comprendre ce que dit Jésus si l’on ne tient pas compte de la cohérence et du contexte de l’Évangile. Ici, Jésus n’adresse pas les propos qu’on vient d’entendre, aux foules qu’il rejoint, mais à ceux qui ont décidé de le suivre. Ils sont « disciples » ; Jésus les instruit. Il en appelle à leur libre décision : « si quelqu’un veut être mon disciple… » Il leur apprend le sens du mot « croix ». Pour qu’ils comprennent, il leur faudra attendre un certain vendredi pour St Jean ou le dimanche suivant pour les autres…Oui ! Ils comprendront lors de sa résurrection ! Le regard du disciple Jean dans le tombeau vide a été comme un éblouissement dont il a tenu à témoigner : « Celui-là a vu et ce qu’il dit est vrai ! » Quant aux autres c’est en touchant les plaies « dans les mains et le côté » qu’ils retrouvent la joie de vivre : « ils furent remplis de joie. »
Mais avant d’en arriver là, les disciples ont dû faire un long chemin pour comprendre vraiment qui était Jésus et quelle était sa vraie mission. Pierre, par exemple, depuis qu’il avait laissé sa barque et ses filets, avait été témoin de tant de miracles accomplis par Jésus ! Il avait vu des milliers d’hommes et de femmes se rassembler autour du Maître. ..La tempête apaisée, la multiplication des pains, les guérisons multiples lui laissaient entrevoir un avenir grandiose . Pierre s’imaginait probablement que le règne de Dieu allait s’étendre et qu’il verrait le monde entier suivre Celui dont il était le disciple. Il entrevoyait un succès immense se profiler à l’horizon. Certes, cette réussite n’était pas la sienne, mais celle de Jésus, qu’il reconnaît comme le Messie, le Fils de Dieu. Toutefois, il ne se doutait pas qu’il aurait sa place dans le Royaume à venir, et une bonne place… Le Christ l’avait choisi avant les autres ; le Christ venait de le distinguer parmi tous les autres. C’est en ces jours où l’influence de Jésus va grandissante, au moment où des foules de plus en plus importantes se rassemblent autour de lui, que Jésus commence à montrer à ses disciples qu’il lui faudra aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué et le troisième jour ressusciter. Pierre était prêt à suivre un Messie dans la gloire, mais il refuse totalement que l’avenir passe par la souffrance, le rejet, l’incompréhension et la mort. Jésus a beau annoncer sa résurrection, Pierre ne l’entend même pas. Il refuse que le Maître devienne l’esclave de tous et subisse un échec total. Il ne peut pas accepter que le prestige du Christ s’écroule. Prenant Jésus à part, Pierre se mit à lui faire des reproches. Il ne comprend pas pourquoi Jésus parle de tous ces malheurs. Alors Jésus le traite comme étant un obstacle sur sa route
Pierre passe de la foi vive au refus et aux reproches lorsque le Messie devient l’homme des douleurs. Ainsi en est-il de nous. Nous sommes prêts à vivre dans une Eglise où les foules se rassemblent pour louer Dieu. Nous sommes prêts à être membres d’une Eglise qui manifeste sa grandeur.
Nous aimons bâtir des cathédrales de pierre, mais aussi des édifices spirituels somptueux ; nous aimons réunir des assemblées imposantes, appartenir à des mouvements qui ont du succès et qui attirent beaucoup de monde.
Jésus ne nous le reproche pas, il l’a fait lui-même lorsque les foules s’assemblaient autour de lui. Mais il nous dit aussi qu’il faudra, comme lui, passer par la Croix. Lorsque Jésus commence à nous montrer qu’il en va de son Eglise comme de lui-même et qu’il faudra souffrir, abandonner tout signe visible et tout prestige, qu’il faudra passer par la mort pour ressusciter, alors, comme Pierre, nous nous révoltons et nous nous butons. Nous sommes prêts à être membres d’une Eglise glorieuse, mais pas à vivre dans une Eglise pauvre, incomprise, méconnue, sans grandeur, voire méprisée. Et Jésus, se retournant, dit à chacun de nous : « Passe derrière moi, Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes, tu es un obstacle sur ma route. »
Que le Christ vienne habiter nos vies, que nous soyons imprégnés de lui, de sa présence, de sa lumière, pour que nous sachions que toutes les épreuves que nous traversons, toutes les tentations qui nous assaillent, sous forme de croix, n’ont pas le dernier mot, ni la victoire. Au-delà même de toutes nos envies de grandeur ou de fastes, la vraie victoire est de son côté et elle se trouve au fond de nos cœurs lorsque nous nous approchons de lui Qu’il nous éclaire, pour que nous sachions être heureux de le suivre, quoi qu’il arrive, pour partager sa joie et sa gloire et la transmettre à nos frères et sœurs. Wenceslas Mungimur Saint Laurent-Virton.
Homélie du 21ème dimanche du Temps ordinaire. Année A.Cimetière militaire d’Houdrigny
La question est posée à tous les disciples et c’est au nom de tous que Pierre répond. Cette question que Jésus pose à ses disciples, il nous la pose aussi à chacun de nous. Que pouvons-nous lui répondre ? On peut dire que la foi de Pierre est plus solide que tout : c’est Dieu qui le tient fermement dans son Esprit et lui révèle que Jésus est le Messie. Mais Pierre demeure avec ses pensées humaines, un esprit humain et il chancelle. Il faudra qu’il découvre le vrai Dieu présent et agissant en chaque humain, présent dans chaque cœur qui est son Temple, pour que ses pensées soient ajustées à celles de Dieu et qu’elles soient des pensées justes, de respect et de paix. Des pensées qui viennent d’un cœur juste et honnête, un cœur de paix et d’amour.
Aujourd’hui, nous sommes réunis pour faire mémoire, mais aussi honorer, comme chaque année, en ce mois d’août, ces soldats français qui ont versé leur sang en ce lieu, massacrés par les troupes allemandes. Ces militaires français, qui reposent ici, avaient choisi de servir et de défendre la liberté de leur patrie et celle des pays alliés et de leurs populations.
En ce lieu de mémoire et de souvenir, nous ressentons et prenons conscience de la nécessité d’une vraie paix durable. Celle-ci ne peut commencer que dans nos cœurs. C’est là que nous pouvons mesurer notre vraie responsabilité. Parce que nous savons que la guerre qui s’exprime à l’extérieur naît dans notre cœur. Les armes sont d’abord dans notre cœur lorsque la violence y naît, cette violence inhérente à tout être humain qui doit la dominer en lui. On pourrait penser que nous sommes impuissants en temps de guerre et que la seule solution consiste à utiliser la guerre, de répondre à la violence par la violence et de chercher la victoire par les armes. Pareilles pensées peuvent nous faire oublier la capacité du cœur. C’est là que tout commence. Si l’on ne s’adresse pas au cœur, on reste dans des vœux pieux, des projets qui avancent en boitant.
Que le Seigneur pacifie nos cœurs et qu’il y enlève les armes que nous y entreposons, pour que commence dans notre monde le vrai désarmement et la fin des conflits qui entraînent tant de misères et tant de victimes. Alors, quand nous prions, prions pour tout le monde, parce que nous sommes tous frères et sœurs, les vainqueurs comme les vaincus. Retenons cette question de Dieu à Caïn : “Où est ton frère ? Qu’as-tu fait de ton frère ?” Que le Seigneur nous vienne en aide dans notre foi afin de prier pour la paix. Qu’il nous pacifie et fasse de nous des instruments de paix et d’amour. Wenceslas MUNGIMUR Saint-Laurent/Virton
Homélie du 20ème dimanche du Temps Ordinaire Année A
Quelle mère, puisqu’il est question d’une mère dans l’évangile d’aujourd’hui, n’agirait pas de la même façon que celle dont parle l’évangile ? Quelle mère resterait insensible devant la maladie d’un enfant, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un cas grave ? Quelle mère ne déplacerait pas des montagnes pour aller vers la personne capable d’apporter la guérison ? L’évangile d’aujourd’hui nous parle de l’amour d’une mère, originaire d’une région païenne ou d’une terre étrangère, qui harcèle Jésus pour obtenir la guérison de son enfant. Une mère angoissée par l’état de sa fille et prête à attirer l’attention de Jésus par tous les moyens. Sa démarche est sincère, authentique, profonde et remplie d’une foi réelle. Elle est insistante au point d’agacer les disciples qui se retranchent derrière des réactions d’ordre conformiste. Tradition oblige !
Une attitude étonnante ! Plus étonnante encore est la réponse de Jésus à cette femme. On dirait que c’est vraiment le Jésus humain, conformiste, fidèle à ses traditions, qui réagit. Devant cette attitude, la dame ne recule en aucun cas. Et, face à cette ténacité, Jésus opère un tournant dans son comportement en réagissant comme le Fils de Dieu, touché par la force de la foi, la confiance et l’insistance de cette mère, allant jusqu’à espérer se contenter des miettes qui tomberaient sous la table. Alors Jésus acquiesce à la demande de cette mère et fait comprendre que son message ne se limite pas à un seul peuple : il s’adresse à toute personne de bonne volonté.
C’est ici que se réalise la prophétie d’Isaïe, dans la première lecture de ce jour, « Ma maison s’appellera Maison de prière pour tous les peuples. » Saint Paul, s’adressant à ses concitoyens, parle de l’accueil de la Bonne Nouvelle annoncée aux nations païennes. Ses concitoyens se contentent d’une sorte de protocole des traditions ou des lois à respecter, mais refusent d’accepter la mission salvatrice de Jésus-Christ et d’accueillir en profondeur la Bonne Nouvelle qui leur est annoncée. Paul leur rappelle que non seulement ils sont dans l’illusion, mais qu’ils seront surpris et même jaloux de l’authenticité et de la foi des peuples païens.
Que c’est étonnant d’être parfois emprisonné dans des certitudes bien arrêtées ; d’avoir des convictions qui entretiennent en nous des pensées d’auto-suffisance, d’exclusion, de haine, d’injustice et de guerre. Pareilles attitudes nous empêchent d’être à l’écoute profonde de notre cœur et du Seigneur qui nous y invite, pour que nous allions vers cette ouverture à l’universalité de l’amour et au respect de l’humain.
Ce souci d’ouverture à l’universalité de l’amour et au respect de l’humain était le cheval de bataille de ceux qui, au prix de leur vie, ont combattu sur nos terres pour les défendre, défendre leur intégrité, défendre la vie, la dignité des femmes et des hommes qui y habitaient. C’était le souci primordial de tous ceux-là qui ont milité en faveur de la paix et de l’entente entre les peuples.
En ce jour où nous commémorons les jours sombres des atrocités de cette horrible guerre de 1914-18 et encore de celle qui a suivi en 1940-45 ; nous ressentons ce besoin de nous souvenir et aussi de prendre conscience de la nécessité d’une vraie paix durable. le Seigneur nous invite à aller plus loin, vers une vraie conversion de nos cœurs. C’est là que nous pouvons le rencontrer vraiment, en nous mettant à son école et en vivant de sa paix, de sa justice. Parce que nous savons que la guerre qui s’exprime à l’extérieur naît dans notre cœur. Les armes sont d’abord dans notre cœur lorsque la violence y naît, cette violence inhérente à tout être humain qui doit la dominer en lui. On pourrait penser que nous sommes impuissants en temps de guerre et que la seule solution consiste à utiliser la guerre, de répondre à la violence par la violence et de chercher la victoire par les armes. Pareilles pensées peuvent nous faire oublier la capacité du cœur. C’est là que tout commence. Si l’on ne s’adresse pas au cœur, on reste dans des vœux pieux, des projets qui avancent en boitant. Que le Seigneur pacifie nos cœurs et qu’il y enlève les armes que nous y entreposons, pour que commence dans notre monde le vrai désarmement et la fin des conflits qui entraînent tant de misères et tant de victimes. Alors, quand nous prions, prions pour tout le monde, parce que nous sommes tous frères et sœurs, les vainqueurs comme les vaincus. Retenons cette question de Dieu à Caïn : “Où est ton frère ? Qu’as-tu fait de ton frère ?” Que le Seigneur nous vienne en aide dans notre foi afin de prier pour la paix. Qu’il nous pacifie et fasse de nous des instruments de paix et d’amour. Wenceslas MUNGIMUR
Lectures du jour et du dimanche
Pour les lectures du jour et les lectures du dimanche, vous pouvez vous reporter au site suivant : www.aelf.org