Homélies
Lectures du jour et du dimanche
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A lire et relire
Homélie du Christ, Roi de l’univers
En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons le Christ, Roi de l’univers.
Bien qu’universelle, cette royauté ne ressemble en rien aux royautés de ce monde.
Cette réalité nécessite une explication par rapport aux fausses images qui évoquent
la royauté du Christ et tout ce que l’on entend concernant le jugement dernier :
« Le jour du jugement, Saint Pierre prendra son grand livre. Chacun sera alors appelé. Jésus regardera dans le livre. Alors sa décision tombera : à droite ou à gauche, recalé ou accepté ! »
C’est une image que l’on peut avoir du jugement. Elle est représentée sur les tympans des cathédrales, les pénitenciers, dans des œuvres musicales…laissant des traces dans nos mémoires.
Une image qui induit des questions telles que : « Aurais-je assez de points pour passer ? »
Image qui peut entraîner à justifier des attitudes de pénitences extrêmes et des dévotions de tous genres pour obtenir des indulgences.
Or cette représentation du jugement ne correspond pas à l’Evangile, qui nous parle du Christ qui prend soin des hommes et des femmes qu’il connaît et qu’il aime comme ses brebis, qu’il guide avec sollicitude au-delà des ravins de la mort.
Quand Jésus entre dans Jéricho, un aveugle hurle son nom et Jésus le fait venir près de lui.
Jésus s’arrête devant le sycomore où est perché Zachée et il s’invite chez lui. Sans cesse, il reproduit l’attitude du « Bon Samaritain », qui voit en chaque être humain un Roi qu’il faut traiter et servir comme tel.
Suivre Jésus, c’est donc reproduire ce comportement.
Voir en l’autre un proche et le restaurer dans sa dignité.
On peut avoir faim et soif de beaucoup de choses… ou peut-être vivre enfermé dans bien des prisons… mais on a surtout besoin d’amour, de respect et de dignité.
Cette parabole du jugement nous rappelle surtout que la foi se traduit par des actes concrets. Elle nous dit aussi que nos actes peuvent favoriser la communion, l’entente, l’unité ou, au contraire, la discorde et l’opposition et que nous en sommes responsables. Elle nous dit encore que Dieu peut rendre nos cœurs vraiment solidaires dans la foi en ce monde. Elle nous offre l’espérance folle que Dieu peut guérir nos cœurs blessés et les renouveler dans son amour. Il a le souci de rassembler tous les peuples de la terre, comme le berger rassemble son troupeau le soir, séparant les brebis des chèvres. C’est cette image du berger qui est décrite dans la première lecture et le psaume.
Lors de l’exil du peuple hébreu à Babylone, Ezéchiel annonçait qu’un jour viendrait où le bon Berger, le véritable Berger qui guidera l’Humanité sur la bonne route. Il sera un serviteur attentif aux besoins de son troupeau, au service des brebis les plus faibles, veillant avec amour sur les autres et cherchant la brebis égarée.
Paul, lui, répond aux questions concernant les derniers jours et la résurrection des morts.
À ceux qui doutent encore, Paul est formel : « Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité ». La mort n’est pas niée, mais elle est transcendée par l’amour. Cet amour qui seul permet de déceler le visage du Christ parmi celui des pauvres.
Nous savons tous combien il est tentant de s’approprier le pouvoir, de flatter les puissants… Dans le Royaume des cieux, rien de tel. La manifestation du Christ dans sa gloire mettra en lumière la vérité des cœurs. Et une seule question nous sera posée : « Dans ta relation aux autres, as-tu rencontré le Christ ? » Oui, c’est sur l’AMOUR seul que nous serons jugés.
Homélie du 33ème dimanche du Temps ordinaire année A
Le patron dont il est question dans l’évangile de ce dimanche, c’est Dieu. En effet, notre Dieu est un bon éducateur et un bon démocrate, qui sait déléguer les responsabilités. Il nous donne tout : la vie, l’amour, la capacité de contribuer à la réussite de son œuvre. Il croit en nous et nous fait entièrement confiance. C’est à nous de le suivre et d’assumer notre responsabilité, à l’exemple de cette bonne épouse décrite dans le Livre des Proverbes, symbole et base de l’humanité. C’est le cas des serviteurs de l’évangile, qui ont reçu des talents et les ont fait fructifier. Une façon pour eux d’avoir pris conscience de cette responsabilité, d’être éveillés et fidèles à la tâche.
Contrairement au troisième serviteur qui se dérobe un peu devant sa responsabilité. Il reçoit moins et il perd le peu qu’il a reçu. Pourquoi échoue-t-il ? Parce qu’il a peur ! Ce qui veut dire qu’il se compare aux deux autres ; il se sent lésé et se croit inférieur à eux. Il craint aussi Dieu. Il voit en lui un être sévère, exigeant et finit par devenir craintif. Sa vie est pleurs et grincements de dents. Il a peur et n’ose prendre aucun risque, contrôle tout…En fait, il est contrôlé par son propre contrôle qui le pousse à n’entreprendre aucune démarche dangereuse.
Cet homme est malheureux, parce qu’il est emprisonné dans sa peur, dans ses craintes. C’est un mort vivant. Les talents, c’est aussi la Parole de Dieu. Elle nous est donnée pour faire de nous des vivants, pour nous aider à devenir plus humains à l’image de deux premiers serviteurs qui ont fait fructifier ce que le Maître leur a donné. Elle nous appelle à vivre dans la confiance et non dans la peur, à cesser de nous comparer à d’autres, de gémir sur notre sort, de nous apitoyer sur nous-mêmes.
Cette parabole veut provoquer en nous un sursaut de prise de conscience, qui nous pousse à assumer notre responsabilité, à nous réveiller et nous conduire vers la vie. Elle nous appelle aussi à faire fructifier les dons que le Seigneurs nous a donnés pour aller vers notre prochain. Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton
Homélie du 30ème dimanche du Temps ordinaire. Année A
Que la question du premier commandement fût posée à Jésus par les pharisiens, c’était pour lui tendre une fois de plus un piège. Mais il faut dire que cette question était en vogue à l’époque et faisait partie du débat sociétal, tellement il y avait de lois et de préceptes religieux. En ces temps-là, chez les Juifs, Il semble qu’il y avait plus de 600 préceptes à observer. Il était donc normal que les gens se questionnent sur le premier de ces préceptes. Le piège consistait à entendre quelle serait la réponse de Jésus. Lui qui n’était que fils de charpentier et qui venait d’un petit village de province, comparé à eux, docteurs de la Loi, considérés comme des élites érudites et habitant la capitale Jérusalem. Que va-t-il donc répondre ? Mettra-t-il Dieu, c’est-à-dire le culte, en premier lieu ou les actes de la vie courante, c’est-à-dire le prochain ? Alors Jésus répond en soulignant le lien étroit qui existe entre les deux commandements : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. À son interlocuteur, qui a sûrement compris la pertinence de la réponse de Jésus et qui mentionne que « cela vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices », Jésus répond : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. »
Pour Jésus, il n’est pas question de mettre en premier ni le culte ni les actes de la vie courante, car aimer Dieu sans aimer son prochain dans la vie de tous les jours, c’est hypocrite. Et prétendre aimer son prochain sans aimer Dieu, c’est impossible. On aime Dieu en aimant son prochain, comme Jésus le dit dans l’évangile de Mathieu : « Chaque fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait ! » (Mt 25, 31) Ou comme dit Jean, dans sa première épître : « Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). Aimer Dieu, c’est entrer dans son projet, c’est réajuster ses actes à sa volonté, c’est aimer ce qu’il aime et ce qu’il veut. Bref, c’est épouser son dessein bienveillant et l’accomplir dans la vie quotidienne.
Le tout est de savoir qui est le prochain dont il est question dans la Loi. Il ne serait pas exagéré de dire que le prochain, c’est celui dont je me fais proche, qui se trouve sur mon chemin ou qui me croise sur la route de sa vie. La première lecture de ce dimanche parle de l’étranger ou de l’immigré qu’il faut accueillir ou respecter. Elle parle aussi de la veuve et de l’orphelin qu’il faut respecter et dont il faut prendre soin.
Pour nous aujourd’hui, tels que nous sommes ici réunis, qui est le prochain de l’autre ? Ce sont ces familles éprouvées par la perte d’un être cher que nous accueillons en ce dimanche. Puissions-nous vivre une communion de prière et d’écoute profonde avec elles, au moment où nous ferons mémoire, tout à l’heure, de tous leurs proches qui les ont quittés.
Homélie 27ème dimanche Temps Ordinaire. Année A
L’évangile d’aujourd’hui, comme celui de dimanche dernier et celui du prochain dimanche d’ailleurs, traite du rejet de Jésus par les autorités religieuses de son époque et des causes profondes de ce rejet.
Jésus, lui, contre-attaque et fait à plusieurs reprises le procès de tous ceux qui, en Israël, possèdent un quelconque pouvoir religieux. Il utilise des paraboles pour interpeller directement ses opposants. Il parle de la vigne qui représente le peuple d’Israël, le peuple de Dieu, dont la gestion est confiée aux responsables religieux. Comment assurent-ils leur mission ? Est-ce pour le bien du peuple ou pour leur propre gloire ? Est-ce pour le salut de ce peuple ou sa perdition ? Et Dieu, qui, soi-disant, leur confie cette mission, quelle place occupe-t-il réellement dans leur vie ? Quelle place leur accorde-t-il dans leur mission ? C’est dans ces questions que se trouve l’origine de toutes les polémiques. Pour ces autorités, Jésus n’est qu’un imposteur, un hérétique, un blasphémateur, qu’il faut éliminer. Pour eux, ce qui compte c’est la loi, en oubliant que cette loi est donnée par Dieu pour le bien de l’homme et non pour son asservissement. Aujourd’hui, il est encore question de la vigne, du peuple de Dieu. Et grâce à la petite histoire que Jésus raconte, les autorités religieuses sont de nouveau amenées à formuler elles-mêmes un jugement, disons leur propre jugement.
Ces polémiques de Jésus avec les autorités religieuses me font songer aux attaques vis-à-vis du Pape François de la part de certains dignitaires de l’Eglise, le traitant d’hérétique, trop proche des questions mondiales, parce qu’il met en avant le respect de la vie, de la dignité humaine, comme dans les évangiles, et peu importent les convictions, les origines, les situations. Ces dignitaires sont agacés parce que, pour eux, le Pape va dans tous les sens, au-delà de sa mission, de son pontificat. Il fait bon accueil à tout venant sans exception : les divorcés, les migrants, les représentants d’autres religions, etc…, pour ne citer que ceux-là ! Certains parlent même d’une catastrophe pour l’Église, alors que le peuple de Dieu voit en lui un nouveau souffle, un don de l’Esprit et une opportunité formidable pour un changement indispensable de l’institution.
Et nous aujourd’hui, en quoi cet évangile ou ces évangiles peuvent-ils nous concerner et nous interpeller ? En remontant dans notre histoire chrétienne, le petit catéchisme définissait un bon chrétien comme celui qui était baptisé, qui croyait et pratiquait la doctrine chrétienne dans la vraie Église. On était donc censé être chrétien quand on avait été baptisé, confirmé, qu’on avait fait sa communion solennelle, qu’on admettait le ‘Je crois en Dieu’, qu’on suivait les dix commandements de Dieu et ceux de l’Eglise. Et ainsi, on n’avait rien à se reprocher, lorsque que l’on appliquait toutes ces instructions !
Ce système a tenu tant que le milieu rural qui le portait a tenu, tant que les gens étaient peu avisés ou dominés par le pouvoir du clergé …Quand ce pouvoir s’est effondré, on a assisté à une chute massive de la pratique religieuse. Il a fallu s’interroger sur les causes de cet effondrement. Celles-ci nous sont décrites dans l’évangile d’aujourd’hui.
On s’est d’abord rendu compte que l’on avait trop considéré Jésus comme le vainqueur de tout mal. Cet aspect était limité au péché, à la mort et à la mort éternelle. On avait un ticket pour le ciel. On s’est ainsi rendu compte qu’on avait insisté sur les règles à observer et pas assez sur la justice, la miséricorde, la solidarité. Les femmes et les hommes d’aujourd’hui sont à la recherche de sens dans leur vie, sociale ou religieuse. En suivant la Parole du Christ, il nous est possible de comprendre que nous sommes appelés à retrouver le véritable message d’amour contenu dans l’Evangile. Aujourd’hui, il s’agit d’intérioriser la victoire du Christ sur le mal et d’en vivre pleinement pour porter des fruits de vie, de
solidarité, d’amour. Cela bousculera les habitudes, notre vision de l’église, nos pratiques, la célébration des sacrements et l’accueil que nous leur réservons.
Homélie du 26ème dimanche du Temps Ordinaire Année A
L’évangile de ce dimanche fait suite à celui des ouvriers de la onzième heure, entendu dimanche dernier, où il était question de recrutement de travailleurs dans une vigne . Dans celui d’aujourd’hui, il s’agit d’un père de famille qui demande à ses deux fils d’aller travailler dans la Vigne. Il ne leur dit pas ce qu’il faut faire concrètement, mais il les envoie travailler. Il leur fait confiance et leur laisse le choix.
Le premier a répondu par un refus, avant de se rétracter et de dire finalement oui. Tandis que le deuxième fils, lui, a accepté, mais n’y est pas allé. Donc, son oui a été suivi concrètement par un non. Que peut-on comprendre par-là ? Quel enseignement en tirer ?
Peut-être le premier fils, qui a d’abord dit non, a-t-il réfléchi par après et a-t-il mesuré l’importance de la demande du père, qui engagerait son avenir. Peut-être a-t-il compris que ce travail concernait sa survie, faisait partie de son héritage et valait la peine de l’entreprendre ?
Et l’attitude du deuxième fils, comment l’expliquer ? Pourquoi a-t-il d’abord dit oui et ne l’a pas fait ensuite ? Peut-être n’a-t-il pas, lui, pris le temps de réfléchir pour analyser l’importance de la demande de son père ? Ou était-il simplement dans une attitude systématique de soumission, où réflexion et responsabilité n’étaient pas de mise. Un comportement où il fallait simplement faire plaisir, pour se tirer d’affaire.
Ces comportements ne sont pas étrangers à nos pratiques et nos manières de vivre notre religion. Avec cette parabole, Jésus s’adresse aux juifs, surtout aux responsables religieux qui étaient loin de refléter la vérité dans leur comportement. Ils étaient sans cesse en train de faire des remarques à Jésus, d’épier son comportement, alors qu’eux-mêmes étaient remplis d’hypocrisie. Jésus dénonce leur comportement en les comparant au deuxième fils.
Cette parabole s’adresse à chacun de nous aujourd’hui. Jésus veut que soyons vrais en assumant sincèrement nos actes, aussi bien dans l’erreur que dans le vrai. Il dénonce tout comportement hypocrite, irresponsable ou soumis. « Que votre oui soit oui et votre non soit non », nous dit-il !
Aujourd’hui, comment nous comportons-nous dans nos pratiques vis-à-vis du Seigneur ? Comment répondons-nous à ses nombreux appels à le suivre ? Quelle est vraiment la qualité de nos ‘oui’ et de nos ‘non’ ? Sont-ils en accord avec notre for intérieur ? Comment adhérons-nous à notre religion ? Est-ce de manière soumise, sans avoir examiné notre position par rapport à cette adhésion auparavant ou voulons-nous emprunter un chemin authentique de rencontre personnelle avec le Seigneur et de conversion intérieure ? Sommes-nous responsables et savons-nous assumer nos ‘oui’ ou nos ‘non’, ou sommes-nous simplement héritiers d’une tradition, d’un système qui ne nous engage point et nous pousse à agir par habitude, pour faire plaisir ou encore par soumission ?
Que le Seigneur nous donne la joie de le rencontrer, qu’il nous vienne en aide et nous éclaire dans nos choix et nos pratiques et dans toute notre vie ! Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton
Homélie Pentecôte 2023
Pentecôte 2023 Les Actes des Apôtres 2, 1-11 1 Corinthiens 12,3b-7. 12-13 Évangile : Jean 20, 19-23
L’Esprit-Saint est au-dedans de moi et non au-dehors. Je l’ai reçu comme un don, en même temps que mon existence et mon baptême. Avec lui j’ai tout reçu. À moi de jouer, c’est-à-dire de réaliser ma mission sur terre.
L’Esprit me libère de toutes les peurs causant la perte de confiance en moi-même, vis-à-vis des autres dans la société et qui me renferment sur moi-même. Il est le souffle de vie qui me donne la force d’exister, le vent qui me procure le courage de me réveiller, de sortir de ma coquille et d’entreprendre des actions généreuses et nouvelles. Il me donne l’assurance d’aller vers les autres pour oser travailler avec eux à l’avènement d’un monde qui plaise à Dieu. Il est aussi le feu qui brûle en moi et qui enflamme tout mon être. Un feu d’amour s’embrasant sur les braises de mon existence et de mon engagement en faveur de la grandeur et de la beauté de la vie.
Ce feu qu’est l’Esprit ne brûle pas seulement en moi, il me bouscule et me pousse aussi vers celles et ceux qui m’entourent. Il suscite et consolide ainsi des liens sociaux, amicaux et fraternels. Si, au-dedans, il me révèle ma réalité unique, à l’extérieur, il m’ouvre à ma condition d’interdépendance avec mon prochain. Il ne m’a pas été donné pour assouvir mon égoïsme, mais il est en moi pour m’éclairer sur la communion profonde existant entre les autres et moi. Découvrir et s’ouvrir à l’action de l’Esprit-Saint, c’est percevoir une vraie liberté, celle qui me permet de m’émanciper d’un certain déterminisme, d’un possible fatalisme ou d’un conformisme latent. Une liberté qui me fait découvrir et est appelée à coexister avec d’autres libertés, dans une communion authentique et féconde. Grâce à l’Esprit-Saint, je ne crains pas de m’insérer dans les maillons de la grande chaîne de la solidarité humaine. J’accepte de vivre dans la confiance et le respect de cette unité dans la diversité qui engendre la grandeur de l’humanité.
Dispensateur des dons de la science et de la connaissance, l’Esprit-Saint me donne de m’émerveiller devant la création et sa richesse. Il me permet ainsi de remonter vers sa source principale : Dieu. Comme le dit si bien Saint Paul, sans l’aide de l’Esprit-Saint, personne n’est capable de connaître Dieu et de reconnaître en lui ‘Abba’, c’est-à-dire : Père.
C’est cet Esprit de force et de connaissance qualifié de vent violent et de force irrésistible qui a secoué les Apôtres, timides et pétrifiés, enfermés dans leur peur dans une chambre bien verrouillée. Il les a réveillés de leur sommeil de crainte et les a fait sortir de leur enfermement et de leur traumatisme Il leur a donné l’audace et la fougue d’annoncer la Bonne Nouvelle et de témoigner de leur foi au Christ ressuscité et au Dieu vivant, maître du temps et de l’histoire.
L’Esprit-Saint leur a ainsi révélé le caractère unique de chacun, mais en même temps, il leur a inspiré l’esprit d’unité et de solidarité entre eux, la volonté de parler un même langage et de proclamer un même message. Un langage et un message adressés à des auditeurs de toute origine et venant de tous les milieux, mais qu’ils peuvent entendre et comprendre chacun dans sa langue.
« Viens Esprit Saint et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière… »
3ème diamnche de Pâques . Année A
Les disciples d’Emmaüs !
Les deux disciples sont là donc en route vers leur village, découragés par un événement qui les dépasse à Jérusalem. Ils regrettent, on dirait, le temps perdu là-bas et ne souhaitent qu’une chose : retrouver leur vie d’avant, leurs vieilles habitudes…Ils sont fermés à toute ouverture, à toute remise en question de leur façon de vivre, fermés aussi à toute la nouveauté apportée par Jésus crucifié à Jérusalem. Peut-être n’ont-ils pas tort… Habités par leurs limites et leurs fragilités, ils restent cantonnés dans les périphéries de ce qu’ils peuvent comprendre et donner. Ce n’est peut-être pas la bonne volonté qui leur a manqué.
Malgré tout cela, Jésus les rejoint et leur montre qu’il n’est jamais absent, mais toujours là avec eux, quoi qu’il arrive. Il est présent pour répondre à leur inquiétude, les apaiser et les rassurer. Il leur donne le temps de s’arrêter, de s’intéresser à lui et de l’écouter quand il les instruit sur les écritures. Ils prennent le temps et lui offrent même l’hospitalité. Leur cœur est bien disposé à écouter et à accueillir la parole de leur hôte. Finalement, leurs yeux aussi s’ouvrent pour reconnaître la vraie identité de leur visiteur : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les écritures ? »
Alors, ils se voient investis d’une mission, celle de retourner sur leurs pas et de repartir jusqu’à Jérusalem, le lieu du départ de leur constat d’échec et de leur découragement. C’est là qu’ils vont retrouver leurs autres compagnons réunis, témoins, eux aussi, d’une autre expérience concernant l’apparition du Maître. Et c’est là qu’ils doivent proclamer la victoire de la résurrection. Il ne s’agit pas d’une parodie, d’un échec…, mais d’une victoire. Le Christ est réellement ressuscité, ils l’ont rencontré. Partis sur le chemin du désespoir, du découragement, ils repartent sur celui de l’espérance et de la victoire.
Cette attitude des disciples nous rejoint dans nos vies quotidiennes, de notre foi et dans nos pratiques. Nous sommes, nous aussi, habités par nos fragilités, notre bonne volonté de bien faire, bien agir, de bien prier, d’être vraiment à la suite du Christ…Seulement, il nous arrive parfois de prétendre tout maîtriser, d’être sûrs de ce que nous faisons, de nous ériger en juges, en donneurs des leçons par rapport à l’une ou l’autre réalité, l’une ou l’autre façon de faire et d’agir.
Aussi, comme les deux disciples, nous sommes aussi ébranlés dans notre comportement quand nous sommes rattrapés par nos limites, nos faiblesses et les épreuves qui peuvent se mettre au travers de notre chemin…Le risque dans tout cela, c’est de nous décourager, de nous renfermer sur nous-mêmes. Le danger, c’est aussi d’oublier de nous poser des vraies questions, d’ouvrir les yeux et les oreilles pour voir et entendre le Christ ressuscité qui est à nos côtés, qui nous invite à célébrer avec lui sa victoire qui est aussi la nôtre et qui nous dit : « Quoi qu’il arrive, rien n’est impossible à Dieu. »
Les moments d’épreuves, comme celui que nous traversons, nous invitent parfois à revisiter en profondeur l’authenticité de notre foi, de notre rencontre avec le Christ ressuscité, de nos pratiques de vie, qu’elles soient amoureuses, amicales, sociales, spirituelles…de notre communion spirituelle. Quelles leçons, par exemple, tirons-nous dans ces situations difficiles que nous traversons ? Ou quelles sont nos tristesses et quelles en sont les raisons ? Pourquoi devons-nous céder à l’ennui au découragement, au lieu de vivre en profondeur le moment présent avec Jésus toujours là près de nous. Mettons-nous en communion spirituelle avec lui, comme conjoints, comme parents, comme enfants, comme chrétiens, comme prêtres ? Demandons-lui cette grâce de le voir présent et agissant dans tous nos lieux de vie et de partage. Wenceslas Mungimur
3ème dimanche de l’Avent année A, 11 décembre 2022
Avec son message radical sur la société de son époque, surtout vis-à-vis des responsables politiques et religieux, Jean-Baptiste s’est attiré beaucoup d’ennuis et d’ennemis. Il a même osé toucher au Roi Hérode, à qui il reproche de s’être uni avec Hérodiade, la veuve de son frère. Il en paie les conséquences : il est arrêté par Hérode et emprisonné. De sa prison, il s’interroge sur celui qu’il a vu dans la foule des candidats au baptême et qu’il a reconnu et présenté aux gens comme l’Agneau de Dieu. Il en entend parler de sa prison et envoie ses disciples auprès de Jésus pour vérifier s’il est bien Celui qui doit venir ou d’un autre. Pourquoi se pose-t-il de telles questions ? Hésite-t-il, doute-t-il ? Et ses disciples, ainsi que tous ceux qui accouraient vers lui et le prenaient même pour le Messie, que pensent-ils ? Quelle considération peuvent-ils encore avoir pour Jean-Baptiste ?
On peut dire que Jean-Baptiste lui-même vit un tournant par lequel il est appelé à changer la vision de sa mission. C’est une approche distincte qui s’ouvre à lui. Une période différente de celle pendant laquelle il annonçait la venue du Messie en demandant de s’y préparer. Il est maintenant amené à le reconnaître présent parmi eux. Pourtant il devrait savoir que rien n’a changé par rapport à sa vocation, même s’il est remis en question, arrêté et emprisonné. Le Messie est bien là. Il est à l’œuvre et il s’agit bel et bien de celui dont il a annoncé la venue. Comme réponse, Jésus renvoie ses disciples lui dire ce qu’ils voient et observent : les actes et les signes prodigieux qu’il accomplit. Comme Jean-Baptiste lui-même n’a pas douté de sa mission, il est bel et bien le précurseur, un grand prophète, comme en témoigne Jésus. Toutefois il doit reconnaître et accepter sa réalité et ses fragilités humaines et s’en remettre à la divinité et à la supériorité de Celui qui vient après lui. Lui, le plus petit, qui, comme il le dit, n’est que le précurseur qui annonce la venue du Messie et n’est pas digne de dénouer ses sandales.
Jésus invite son précurseur à entrer dans cette logique, celle de Dieu, et à changer son regard sur les réalités nouvelles. Un regard intérieur, profond, pour reconnaître et contempler les merveilles de Dieu. Un autre regard qui lui permette de comprendre combien Dieu ne veut que le bonheur de l’homme et combat toutes les formes de misère. Il ne veut pas le malheur de ses enfants, représentés ici par les aveugles, les sourds, les boiteux, les lépreux, les pauvres, les morts. Dieu en prend tout particulièrement soin, parce que derrière ces fragilités se cache la mort qui combat la vie. Or le Fils est venu pour apporter et célébrer la victoire de la vie sur la mort.
À nous aussi, il est demandé, en ce temps de l’Avent, de changer notre regard en profondeur, c’est-à-dire de nous convertir pour reconnaître le Messie parmi nous, ainsi que toutes les merveilles qui témoignent de sa présence. Peu importe notre situation, nos grandeurs, nos gloires, nos faiblesses ou toutes les épreuves par lesquelles nous passons, qui nous font douter de cette présence dans notre monde, nous avons toutes et tous besoin d’un changement de regard pour nous convaincre de sa présence, de son amour et de sa force afin de garder en nous l’espérance et la foi en sa Parole.
1er dimanche de l’Avent : homélie
Le temps de l’Avent est un temps de rappel et d’appel. Tous les messages contenus dans les lectures appellent à la vigilance : se tenir prêt et rester éveillé. « Tenez-vous donc prêts, vous aussi, nous dit Jésus dans l’évangile de ce dimanche. C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Ce rappel et cet appel résonnent au cœur de notre vie, telle que nous la vivons au jour le jour.
Quand nous la regardons de près, nous constatons qu’elle ressemble à une course sans fin. Nous sommes pris dans un tourbillon d’obligations, de contraintes, de responsabilités… Nous y sommes un peu comme des robots, emprisonnés dans un système dont nous avons du mal à nous défaire. Un rythme de vie qui creuse des écarts entre les humains que nous sommes et accentue des individualismes et des isolements. Ces derniers amènent souvent des comportements contraires à des relations de qualité, d’amitié, de solidarité et de fraternité. Une étude a révélé que le nombre de suicides était plus élevé pendant des périodes comme celles des fêtes de Noël et de fin d’année
Oui, une vie comme celle-là ne peut que nous épuiser et nous étourdir jusqu’à oublier notre vocation première, celle de filles et de fils bien aimés du Seigneur. Dans la lecture de ce jour, le verbe « veiller » nous rappelle que nous ne sommes pas seuls, que nous n’avons pas seulement cette vie concrète. Nous avons une autre vie, celle que nous propose notre Sauveur venu dans notre humanité et toujours présent parmi nous. Veiller : c’est ouvrir nos yeux à la foi pour discerner les signes de cette autre vie et de cette présence du Seigneur parmi nous. Veiller : c’est toujours être prêt à lui ouvrir les portes de notre cœur dès qu’il frappe. Concrètement, veiller, c’est vivre et pratiquer au jour le jour le double commandement de l’amour, tel que Jésus le rappelle. Veiller : c’est enfin garder sans cesse en nous cette mémoire du Seigneur à travers toutes nos paroles et tous nos actes.
Ouvrons nos yeux à la foi pour voir dans chaque geste, chaque parole, chaque humain, cette présence de notre Seigneur. Voyons tous ces visages qui souffrent, qui sont désespérés ou découragés ; et prenons le temps de communier à cette présence omniprésente dans chaque humain, chaque réalité, chaque événement de notre monde. Prenons aussi conscience de cette vie qui ressemble parfois à celle de l’époque de Noé, une vie marquée, pourrait-on dire, par l’insouciance. « En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari. Jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis. » Avec notre foi et notre espérance en notre Seigneur, nous serons en mesure de surmonter ce déluge qui depuis toujours secoue notre monde, en attendant la colombe de la paix parmi les humains. Wenceslas Mungimur Saint-Laurent-Virton
Homélie du 33ème dimanche du Temps ordinaire année c 13 novembre 2022
Le thème de ce dimanche parle de l’avènement du jour du Seigneur, des événements dans notre monde, de la vigilance, de l’éveil de la foi, et de la persévérance, thèmes dont Jésus entretient ses disciples. La parole de Jésus part de la vision de la beauté du Temple de Jérusalem, dont la construction a duré 46 ans. Les disciples sont en admiration devant la beauté et la splendeur de cette œuvre. On raconte, par exemple, que le mur aujourd’hui appelé ‘mur des lamentations’, a demandé près de dix mille personnes pour sa construction. Le Temple faisait la fierté de tout le peuple d’Israël.
Devant l’admiration des disciples, Jésus annonce, contre toute attente, que ce Temple aura une fin, tout comme le monde aussi est appelé à disparaitre. Tout a une fin, dit-il, et rien n’est immuable ou perpétuel sur cette terre. Donc, pour lui, inutile de s’attacher à ce qui passe et ce qui existe. Il pousse son raisonnement plus loin pour évoquer la réalité précaire et fragile des événements du monde. Le monde connaîtra, prévient-il, des situations diverses, des épisodes heureux et malheureux, des catastrophes, des troubles, des guerres, des épidémies…Mais rien de tout cela n’aura le dernier mot. Face à l’incompréhension et à l’étonnement des disciples, Jésus leur demande de veiller, de prendre garde, de regarder toutes ces situations avec discernement, c’est-à-dire avec l’intelligence de l’Esprit-Saint. Oui, l’Esprit-Saint les aidera à ne pas perdre la tête ni à paniquer, mais à rester clairvoyant au milieu des troubles, des catastrophes ou des persécutions.
La clairvoyance de l’Esprit-Saint les aidera aussi à faire attention aux faux prophètes ou aux prophètes du malheur, celles et ceux qui viendront pour les égarer, pour annoncer n’importe quoi au nom de Dieu, du Christ ou de l’Évangile.
Le deuxième conseil de Jésus consiste à demander à ses disciples de ne pas avoir peur devant tous ces évènements. Lui-même promet son aide et son assistance. Il leur donnera, dit-il, un langage et une sagesse à laquelle les adversaires ne pourront opposer ni résistance, ni contradiction. « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. », ajoute-t-il.
Le prophète Malachie, lui, l’exprime en ces termes : « Le Soleil de Justice se lèvera et apportera la guérison dans son rayonnement. »
Saint Paul, s’adressant à celles et ceux qui, parmi les Thessaloniciens, se découragent et ne veulent pas travailler pour attendre la fin, insiste : « Qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné. »
Aujourd’hui encore, il y a des évènements terribles, des famines, des guerres, des persécutions, des épidémies de toutes sortes, des pandémies, comme celle du Covid, des scandales, des crises politiques, économiques, sociales, morales, relationnelles…qui semblent sonner l’annonce de la fin ou apporter de l’eau au moulin des prophètes du malheur.
Et pourtant, rien de nouveau sous le soleil, ce sont des situations, à quelques différences près, qui durent depuis toujours. Jésus lui-même ne l’a-t-il pas dit : « On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. » Mais, comme il l’a dit, il ne faudra ni paniquer ni désespérer, ni encore chercher des consolations auprès des faux prophètes, ni faire n’importe quoi, mais tenir bon, persévérer et garder confiance. C’est par votre espérance et votre persévérance que vous obtiendrez la vie, dit-il, en ajoutant : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ! » pour signifier combien Dieu est présent auprès de chaque humain.
Oui, le Seigneur est toujours bien là au cœur de nos vies. Aucune épreuve ne peut nous séparer de son amour. Quand tout va mal, il est celui qui nous donne le courage de travailler à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. Il nous invite à demeurer loin des spéculations apocalyptiques, pour vivre pleinement chaque jour qui passe avec sa Parole. Jamais le Seigneur ne nous abandonne.
À l’heure de l’épreuve, il marche à nos côtés, faisons-lui confiance.