La fête de la Trinité nous introduit dans le mystère même de Dieu, dans son intimité. Dans sa réalité, Dieu n’est qu’amour et il en est tellement imprégné qu’il ne peut que le partager, le donner et être ouvert à l’humanité. Il ne peut pas être autrement, car ce serait une contradiction au sein même de son être. Il n’est qu’amour et ne peut engendrer que de l’amour. Par ailleurs, il ne peut se dire ‘’Père’’ que par rapport à un fils, le Christ Jésus. Et celui-ci, le fils, ne peut se dire ‘’fils’’ que par rapport à un ‘’Père’’. Ils sont tellement unis et en communion permanente que leur union ne peut produire que de l’amour. Pour Jésus, cet amour se transforme grâce au défenseur : l’Esprit Saint.
Même avec une apparence abstraite, la réalité de la Trinité transparaît tout au long de l’Histoire Sainte. C’est Jésus qui en révèle plus ouvertement la nature ; Il parle de Dieu comme son Père, qui est aussi notre Père à tous. Et de l’unité qu’il forme avec lui, dans laquelle il souhaite nous introduire toutes et tous. Il annonce ensuite l’avènement de l’Esprit-Saint qui émerge de la communion qu’il forme avec son Père. Moïse rappelle au peuple d’Israël la bonté et l’amour de ce Dieu donnant la priorité absolue au salut et au bonheur de son peuple. Vivre selon la volonté de ce Dieu et pratiquer ses commandements, c’est avoir accès à ce salut et à ce bonheur.
Il fallait de l’aide au peuple d’Israël. Il nous faut de l’aide à nous tous aujourd’hui, celle de l’Esprit-Saint pour entrer dans le mystère et la vérité de ce Dieu-Amour. Saint Paul en parle dans la deuxième lecture. Pour lui, être sous la conduite de l’Esprit-Saint, c’est être enfant de Dieu, entrer et vivre dans la communion avec ce Dieu Père, Fils et Esprit-Saint. « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils. » Dans l’évangile de Mathieu, Jésus recommande à ses disciples d’aller dans le monde afin d’y établir des disciples parmi des femmes et des hommes en les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Et nous aussi, créés à l’image de ce Dieu, si nous voulons devenir vraiment humains et atteindre la profondeur de notre humanité, notre vie est appelée à ressembler à celle de Dieu.
Cela signifie que nous devons entamer une vie relationnelle, une vie de communion, une vie de reconnaissance vis-à-vis de ce que nous recevons des autres. Il nous faut reconnaître que nous sommes ce que nous sommes grâce aux autres : les enfants par rapport aux parents, les époux par rapport aux épouses et vice-versa, les employés par rapport aux employeurs et vice-versa. C’est par cette reconnaissance que nous rejoindrons l’amour de Dieu et la joie de vivre.
L’Etre humain est donc essentiellement fait de relations, de communication, d’échanges.
C’est le mal ou le péché qui fausse cette relation ou l’anéantit, comme lorsque je ne laisse aucune place à l’autre ou pire, lorsque je l’utilise pour satisfaire mes envies. En revanche, le plus grand bien, la source du bonheur et de tout enrichissement personnel adviennent lorsque, dans un mouvement réciproque, l’on se valorise en progressant et en grandissant mutuellement.
Cela implique naturellement une énorme modestie, une abnégation afin de pouvoir reconnaître que seuls nous ne pouvons rien, que nous avons besoin de l’autre, et que nous ne pouvons exister que l’un par l’autre.
Accepter l‘autre tel qu’il est, dans ses différences, s’élever mutuellement, se procurer du bonheur… ne serait-ce pas tout simplement la définition de l’amour ?
En résumé, si la fête de la Trinité n’est pas un événement palpable matériellement, elle nous permet cependant de pénétrer au cœur de l’Amour dans le cœur de Dieu, en devenant ses intimes. Et ce qu’il y a de merveilleux, c’est qu’en nous introduisant dans la famille divine, elle nous fait atteindre le sommet de la vie en nous permettant d’exister du même amour que Dieu.
Wenceslas Mungimur