Jean-Baptiste est arrêté et emprisonné. Jésus, lui, se met en route, traverse les frontières pour annoncer l’Évangile, la Bonne Nouvelle, comme il est écrit dans l’Évangile de Mathieu. Quel drôle de réaction de la part de Jésus ! Non, il ne s’atermoie pas sur l’arrestation de Jean-Baptiste, mais il part sur les routes et appelle à sa suite des personnes de tout bord, de tout horizon… Il appelle tout le monde à la conversion. « Convertissez-vous, car le royaume des cieux est tout proche. »
Jésus apporte une nouveauté, sa nouveauté, il brise les habitudes, brave les traditions, traverse les frontières… Il va au-delà de ce que les gens étaient censés connaître, vivre et assimiler comme coutumes, comme habitudes, comme traditions. Même pour ceux qu’il a appelés, il sort de l’ordinaire ! Contrairement aux choix hérités de traditions, il émerge de ce cercle fermé et appelle à sa suite des personnes représentants toutes les couches de la société.
Autrement dit, Jésus suscite une révolution par rapport à la mentalité de son époque. Il prêche l’universalité du message de Dieu et de sa lumière qui est appelée à briller sur toutes les nations et tous les peuples. Il réalise ainsi la prophétie d’Isaïe parlant des pays au-delà des frontières d’Israël : « Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitait dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. »
Un tel comportement de Jésus ne pouvait que soulever de l’indignation et du mépris de la part de ses concitoyens. Comment, pour Israël, oser comprendre et admettre que tous les peuples ont accès au message, au même salut, au même amour de Dieu ? Non, ils ne comprennent pas et ils n’ont pas tout à fait tort tant qu’ils sont enfermés dans leurs traditions et de ce qu’ils ont toujours vu, entendu et vécu, confinés ainsi dans les limites de leur époque. Le moindre changement de comportement et de vie ne pouvait que les perturber.
Mais Jésus les invite à changer de regard, d’horizon…, à traverser les frontières avec lui. Il les invite à une conversion de cœur et de mentalité pour mieux comprendre son message et adhérer à la nouveauté qu’il apporte. C’est de cette manière qu’ils feront une rencontre avec Dieu et se laissant embarquer avec Lui dans ses grands espaces, dans son intemporel et dans l’incommensurabilité de son amour.
Nous aussi, dans l’ordinaire et l’habituel de nos vies, pendant ce temps ordinaire de l’année liturgique, prenons conscience combien nous sommes, nous aussi, ancrés dans nos habitudes quotidiennes, les traditions de nos pratiques…Laissons-nous interpeller par cet appel à la conversion de Jésus. Embarquons-nous, nous aussi, avec Lui dans la nouveauté de sa Bonne Nouvelle pour quitter nos immobilismes, nos habitudes stagnantes, nous libérer de nos peurs… Ces peurs qui nous empêchent de voir l’avenir avec plus d’optimisme et d’espérance ! Peurs qui nous poussent parfois à nous replier sur nous-mêmes et à nous renfermer sur nos certitudes et non celles de Dieu. Ainsi, en cette semaine de prières pour l’Unité des chrétiens, nous pourrons, comme dit Saint Paul, parler un même langage, éviter des divisions, aller au-delà des frontières de nos préjugés. Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton