Que la question du premier commandement fût posée à Jésus par les pharisiens, c’était pour lui tendre une fois de plus un piège. Mais il faut dire que cette question était en vogue à l’époque et faisait partie du débat sociétal, tellement il y avait de lois et de préceptes religieux. En ces temps-là, chez les Juifs, Il semble qu’il y avait plus de 600 préceptes à observer. Il était donc normal que les gens se questionnent sur le premier de ces préceptes. Le piège consistait à entendre quelle serait la réponse de Jésus. Lui qui n’était que fils de charpentier et qui venait d’un petit village de province, comparé à eux, docteurs de la Loi, considérés comme des élites érudites et habitant la capitale Jérusalem. Que va-t-il donc répondre ? Mettra-t-il Dieu, c’est-à-dire le culte, en premier lieu ou les actes de la vie courante, c’est-à-dire le prochain ? Alors Jésus répond en soulignant le lien étroit qui existe entre les deux commandements : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. À son interlocuteur, qui a sûrement compris la pertinence de la réponse de Jésus et qui mentionne que « cela vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices », Jésus répond : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. »
Pour Jésus, il n’est pas question de mettre en premier ni le culte ni les actes de la vie courante, car aimer Dieu sans aimer son prochain dans la vie de tous les jours, c’est hypocrite. Et prétendre aimer son prochain sans aimer Dieu, c’est impossible. On aime Dieu en aimant son prochain, comme Jésus le dit dans l’évangile de Mathieu : « Chaque fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait ! » (Mt 25, 31) Ou comme dit Jean, dans sa première épître : « Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). Aimer Dieu, c’est entrer dans son projet, c’est réajuster ses actes à sa volonté, c’est aimer ce qu’il aime et ce qu’il veut. Bref, c’est épouser son dessein bienveillant et l’accomplir dans la vie quotidienne.
Le tout est de savoir qui est le prochain dont il est question dans la Loi. Il ne serait pas exagéré de dire que le prochain, c’est celui dont je me fais proche, qui se trouve sur mon chemin ou qui me croise sur la route de sa vie. La première lecture de ce dimanche parle de l’étranger ou de l’immigré qu’il faut accueillir ou respecter. Elle parle aussi de la veuve et de l’orphelin qu’il faut respecter et dont il faut prendre soin.
Pour nous aujourd’hui, tels que nous sommes ici réunis, qui est le prochain de l’autre ? Ce sont ces familles éprouvées par la perte d’un être cher que nous accueillons en ce dimanche. Puissions-nous vivre une communion de prière et d’écoute profonde avec elles, au moment où nous ferons mémoire, tout à l’heure, de tous leurs proches qui les ont quittés.