Homélie du 19ème dimanche du temps Ordinaire Année A

Les textes d’aujourd’hui, en particulier la première lecture et l’évangile, nous parlent de la peur et de la confiance. Ils nous invitent à passer de la peur à la confiance, deux pôles entre lesquels oscille souvent notre vie. Dans la première lecture, le prophète Elie fuit la colère de Jézabelle, l’épouse du roi syrien Acab, après l’échec des prophètes de Baal face aux prodiges réalisés par Élie. Il s’enfuit vers le mont Horeb, considéré comme le lieu de l’Alliance entre Dieu et le peuple d’Israël, pour y chercher refuge auprès de Dieu. Il a reçu de ce dernier une mission et il a besoin de courage et d’assurance pour la réaliser.

Il est certainement surpris de constater que Dieu ne se manifeste pas à lui de manière spectaculaire, comme, par exemple, dans un ouragan, un tremblement de terre ou dans un feu. Il vient à lui dans une brise légère, de façon discrète. Cette attitude réservée prouve que Dieu est toujours présent, pas nécessairement dans un décor solennel, mais de manière discrète et efficace. Il en va de même pour nous, il suffit de faire attention aux multiples signes de cette présence et de lui faire confiance.

Dans la deuxième lecture de ce jour, cette confiance est également nécessaire à Paul devant le comportement de ses concitoyens. Paul est découragé par leur attitude et leur incrédulité…

Il ne comprend pas le fait que ses compatriotes peuvent mettre en doute la mission salvatrice de Jésus-Christ, alors qu’ils ont été témoins de beaucoup d’événements et de signes de la part de Dieu par l’intermédiaire de son Fils Jésus. À la limite, Il aurait même honte pour les juifs, ses frères, et serait prêt à se déclarer anathème.

Dans l’évangile, les disciples, après avoir assisté et participé au miracle de la multiplication des pains, sont appelés à prendre la barque pour traverser seuls en territoire païen. Sans leur maître et loin du succès provoqué par la multiplication des pains, ils doivent affronter des terres inconnues et les forces de la mer. Alors Jésus vient à eux et ils ne le reconnaissent pas, le prenant même pour un fantôme. Ils sont encore davantage perdus et désespérés quand survient la tempête.et ils tremblent. Jésus commence par les rassurer en leur disant que c’est lui, les invitant à avoir confiance et à ne pas avoir peur. La première réaction de Jésus, c’est de se manifester à eux, leur dire que sa présence doit leur apporter la paix, l’assurance, la confiance et non la crainte. Il faudrait qu’ils le reconnaissent et acceptent qu’avec lui ils n’ont pas à avoir de frayeurs, car tout est possible en sa présence.
La réaction de Pierre est un acte de foi, mais il lui manque l’assurance, la confiance et il doute quand il commence à s’enfoncer dans l’eau, lorsque survient la tempête. Au lieu de continuer à fixer son regard sur Jésus, il se préoccupe de sa survie. « Pourquoi as-tu douté ? », lui-dit alors Jésus !

Cette réaction des disciples, et celle de Pierre, ressemble à celle de nos vies, quand elles sont, elles aussi, confrontées à des tempêtes, où nous nous sentons perdus, découragés, désespérés… Ces comportements nous font douter en pensant que Dieu est absent, qu’il nous a laissé tomber. Jésus nous dit, à nous aussi, qu’il est là ; faisons-lui confiance et n’ayons pas peur. Ne pas avoir peur ne signifie nullement qu’il n’y aura plus de tempêtes, mais que nous pouvons les traverser avec foi, sérénité et espérance. Il nous faut croire que Jésus est présent dans nos nuits, au cœur de nos galères, dans nos enfers, pour y apporter sa présence rassurante.

Quand il dit : « C’est moi, n’ayez pas peur ! », il nous dit : « C’est moi qui vais avancer avec toi, à travers tes tempêtes et tes nuits. C’est moi qui veux vivre à tes côtés, avec toi : laisse-moi tout simplement un peu de place dans ta vie. »

Reconnaissons cette présence permanente, discrète, fidèle et efficace de notre Seigneur dans notre vie, au cœur de nos assemblées dominicales et obéissons à cette recommandation qu’il nous fait de prendre nos barques pour traverser ces aléas de la vie et aller vers de nouveaux sentiers qu’il nous propose, en affrontant sans crainte les nombreux défis qui se présentent à nous, dans la foi et la confiance en son message. Prions pour ceux qui sont découragés par les multiples épreuves de la vie, ceux qui fuient la dictature dans leur pays, de nombreux migrants qui sont emportés par les vagues de la mer, de tous ceux et celles victimes de guerres barbares…