Homélie du 18ème dimanche du Temps Ordinaire Année A: La Transfiguration de Notre Seigneur

Nous réécoutons aujourd’hui le récit de la transfiguration, cette aventure qu’ont vécu Pierre, Jacques et Jean, trois disciples de Jésus, avec lui. Le récit nous parle du visage de Jésus qui s’est transformé en présence de ces disciples et de celle de Moïse et d’Élie. Cet événement fait suite à une série d’annonces faites par Jésus à ses disciples, notamment celle de son arrestation, de sa condamnation et de sa mort. Une série de messages qui s’ajoutent aux nombreuses questions que se posaient sûrement les disciples face au mystère inhérent à leur maître.

Par cette expérience et grâce à elle, le mystère a commencé à se dévoiler pour les disciples. Grâce au message entendu du Père, ils se rendent compte que Jésus est Fils et Parole du Père. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie ; écoutez-le. » Et Jésus lui-même le dira plus tard : « Qui me voit, voit aussi le Père. » Non seulement le maître s’est transfiguré, mais aussi les yeux des disciples se sont ouverts pour découvrir la véritable nature de leur maître. Pierre, Jacques et Jean ont changé de regard sur Jésus et sur sa réalité. C’est aussi la même expérience qu’un groupe d’apôtres a vécu le troisième jour après la crucifixion lors de la visite de Jésus chez eux. La foi en la résurrection ne va pas sans ce regard préalable des disciples sur la présence physique de Jésus, sur ce qu’ils l’ont entendu dire. C’est par rapport à ces antécédents que le regard de Jean sur le tombeau vide et les linges déposés devient un autre regard ; celui de la foi. Il se rappelle ce que le maître a dit et il croit. « Il vit et il crut », est-il dit de Jean, dans le récit de la résurrection.

La foi est ce regard qui perçoit la présence du Dieu incarné dans la réalité humaine, dans l’histoire et dans le monde. Elle est la force qui change notre vision en la rendant capable de voir avec des yeux neufs la réalité de l’univers et de l’humanité. Elle relève de l’Esprit qui nous permet de voir, d’admirer cette présence de Dieu, au-delà du piège des images, de la télévision, des affiches, des réseaux sociaux. Oui, nous n’ouvrirons jamais assez les yeux pour voir et saisir le travail de Dieu qui ne cesse de se manifester dans notre monde. Comme Pierre, parlant au nom des disciples, notre prière peut être celle-ci : « Seigneur, nous croyons, mais augmente notre foi. »

Lorsque nous regardons autour de nous, il est vrai que l’actualité nous déçoit, sans doute. L’incompréhension de notre entourage nous fait mal, la souffrance et le deuil nous atteignent, beaucoup de misères s’installent autour de nous, la nature et le cosmos sont menacés, les violences, les guerres sont nombreuses…. Mais nous ne devons pas oublier que notre histoire est à la fois traversée et surpassée par la tendresse de Dieu. Ouvrons les yeux sur notre humanité dans sa solidarité, dans ce qu’elle sait faire de bon en appliquant cet amour divin. Chaque visage, comme celui de Jésus sous les yeux de Pierre, Jacques et Jean, fait saisir l’amour du Père. De chaque personne, Dieu nous dit : « Celui-ci est mon enfant bien aimé. ».