En lisant l’évangile de ce dimanche, je pense qu’il est utile d’examiner la situation à l’époque du Christ, de voir l’ignorance sur sa véritable identité et sa mission qui a conduit à son arrestation, sa passion et sa mort. Pour cet examen, il est nécessaire de distinguer différentes catégories de gens en ce temps-là en Israël, chez les Juifs.
D’abord, il y a les personnes faisant partie des autorités religieuses, qui devaient faire face à des situations de fragilité sociale, politique, économique et religieuse. Ces conditions de crise les embarrassaient beaucoup parce qu’elles pouvaient porter atteinte à leur pouvoir et à leur rang social. L’arrivée de Jésus ne pouvait que leur compliquer la vie, parce qu’il n’était pas du tout du même avis qu’eux. Il était ressenti comme un élément perturbateur de l’ordre public et un danger pour leur statut… Il ébranlait en quelque sorte les certitudes et les lois sur lesquelles ces responsables religieux s’appuyaient pour dominer le peuple. Et de ce fait, Jésus devenait un élément gênant dont il fallait absolument se débarrasser…
Il y a ensuite le peuple qui voyait en Jésus un sauveur et un libérateur de l’occupation romaine. Les foules que Jésus drainait derrière lui ont cru, surtout en raison des signes qu’il réalisait, de l’autorité de sa parole et de sa défiance vis-à-vis des responsables religieux.
Pour ce peuple, Jésus n’était autre que le roi qu’il attendait et dont tout le monde parlait.
De là son enthousiasme et son accueil avec des rameaux lors de son entrée à Jérusalem.
Seulement, il n’a pas compris tout ce que Jésus avait délivré comme messages à propos de sa mission. Il n’a pas saisi grand-chose de sa Parole et il sera d’autant plus déçu quand il verra que Jésus se fait arrêter, qu’il laisse les événements se dérouler et accepte le jugement et sa mise à mort sur la croix. Finalement, la foule verra en lui un traître, quelqu’un qui l’a trompée et en qui elle a vainement mis ses espoirs. Il méritait le sort d’un traître. Le peuple n’avait pas à le défendre, ni à le comprendre. Dans cette attitude, cette foule est également manipulée par les autorités religieuses.
Et pourtant, Jésus avait bien annoncé à son peuple quelle était la nature de sa mission et il avait prédit le fait qu’elle ne serait pas comprise et qu’elle entraînerait son rejet, son arrestation et sa mise à mort. Face aux nombreuses questions du peuple et à son impatience, Jésus parlait du Royaume de Dieu qui était là, discret, comme une petite graine de moutarde, appelée à se développer. Mais ils n’ont rien compris de tout cela. Il a déçu et il ne peut que mériter le sort qui lui est réservé !
Enfin, il y a aussi une autre catégorie de personnes, ce sont les autorités du pouvoir occupant, à savoir les Romains. Ces derniers ne voient vraiment pas la faute de Jésus, si ce n’est qu’il trouble l’ordre public et risque de créer des émeutes parmi le peuple. Ces autorités ont pour seul souci de rétablir et de sauvegarder l’ordre public. Et pour cela, elles démissionnent de leur responsabilité et pouvoir en cédant à la lâcheté devant la pression du peuple. Elles préfèrent laisser au peuple la décision de l’accusation et de la mise en croix de Jésus. Par un geste significatif, Pilate, le gouverneur romain, se lave les mains ! Ce n’est plus son affaire.
Même les disciples n’ont pas compris grand-chose non plus, eux qui étaient pourtant au premier plan, eux qui ont tout vu, tout entendu et tout observé. Ils vont, eux aussi, être déçus et chercher, en tremblant, à sauver leur peau. Parmi eux, Judas préférera en tirer profit en trahissant le maître pour de l’argent. Pierre le reniera carrément, lui qui avait promis à Jésus de le suivre, quoi qu’il arrivât.
Mais parmi le peuple, il y a quand même quelques personnes qui ont compris et discerné des signes en rapport avec les évènements en cours. Parmi elles, il y a Marie, la mère de Jésus, et quelques femmes autour d’elle, le disciple dont on dit que Jésus l’aimait bien, le centurion de l’armée romaine….
Et nous aujourd’hui, de quel côté sommes-nous ou à quelle catégorie de personnes nous rattachons-nous ? Nous qui nous disons chrétiens, c’est-à-dire disciples du Christ, qu’avons-nous compris de son message, de son évangile ? Comment pouvons-nous le défendre aujourd’hui devant celles et ceux qui nous demandent des explications à son sujet ou qui l’agressent et nous demandent des comptes ? Quelle est concrètement la qualité de notre foi, de notre engagement en tant que chrétiens, quel est le sens de nos pratiques ?
Durant cette semaine précédant la résurrection de Notre Seigneur, donnons-nous la peine de réfléchir, de méditer sur notre comportement, notre foi, notre confiance en Lui.
Wenceslas Mungimur (Saint-Laurent Virton)