Par le baptême, Jean-Baptiste préparait les cœurs des gens à accueillir le Messie. Ce Messie qu’il a lui-même accueilli, baptisé, en le désignant devant la foule comme l’Agneau Dieu. Jean-Baptiste est arrêté et emprisonné par le roi Hérode. Dimanche dernier, nous parlions de passation de flambeaux. Ici, nous nous trouvons en présence d’un passage de flambeaux entre la mission et le destin de Jean-Baptiste et ceux de Jésus.
Dans le texte de l’évangile d’aujourd’hui, nous lisons que Jésus, en apprenant l’arrestation de Jean-Baptiste, s’est mis aussitôt en route pour exhorter et inviter les gens à se convertir pour accueillir le Royaume de Dieu parmi eux. Le maître-mot dans les lectures de ce dimanche, c’est « aussitôt ». Quand on entend ce mot, on comprend qu’il s’agit d’une urgence.
Dans la première lecture et la prédication de Jonas, qui dans un premier temps avait refusé de se rendre à Ninive, il est écrit que le peuple de Ninive s’est aussitôt mobilisé. En commençant par le roi, tout le peuple a fait pénitence et s’est converti. Même Saint Paul, dans le langage, le style et le vocabulaire qui lui sont propres et parfois déroutants, demande à ses contemporains de ne pas perdre de temps, de relativiser tout ce qu’ils vivent et d’aller à l’essentiel, càd se convertir et accueillir le Royaume de Dieu.
Il en est de même pour les disciples, que Jésus appelle dans l’évangile à le suivre.
Ils quittent aussitôt leur métier et se mettent en route pour le suivre sans la moindre hésitation. Comment expliquer un tel empressement de leur part ? Que s’est-il donc passé lors de cette première rencontre, pour que ces personnes réagissent aussi rapidement ? Comment agissait ce jeune maître pour être si attractif, si séduisant et provoquer un tel bouleversement ? Il y a vraiment de quoi se poser des questions, parce que cela ne nous semble pas normal que Jésus parvienne aussi vite à arracher des gens à leur famille, à leur vie ou à leurs habitudes.
Personnellement, je ne pense que Jésus ait agi dans cet esprit-là. Il n’aurait pas accepté que les gens soient arrachés aussi brusquement à leur vécu. Je crois plutôt que l’empressement dont il est question est celui d’une conversion intérieure, d’un changement de regard, de comportement, qui permet de voir les choses avec le regard de Jésus et de la foi. Il s’agit d’un appel total et radical qui invite à consacrer toute sa vie, sa famille, son travail, ses relations, à Dieu et à revisiter tout cela avec un nouveau regard. C’est cet autre regard qui a envahi les premiers disciples, en les appelant à ouvrir les yeux de la foi pour comprendre les signes du Royaume de Dieu, présent dans le monde et dans leur vie quotidienne. Avec un tel regard, il nous est possible de discerner la priorité à donner à l’appel du Seigneur et à l’essentiel dans notre vie et celle du monde dans lequel nous vivons.
Aujourd’hui, en ce qui nous concerne et aussi notre Eglise et nos communautés, il ne s’agit pas d’ergoter ou de nous chamailler parfois inutilement. Pour nous, l’urgence consiste à opérer ce changement en profondeur en nous, à l’exemple de saint Paul. Lui dont nous fêtons la date de sa conversion demain, le 25 janvier. Comme lui, nous sommes appelés à proclamer notre Dieu-Sauveur, Dieu-Emmanuel, Dieu-Amour. En la veille de cette date qui célèbre à la fois la conversion de l’apôtre Paul et la clôture de la semaine de prières pour l’unité des chrétiens, reconnaissons que seule une rencontre personnelle avec le Seigneur est capable d’opérer en nous un changement en profondeur et de susciter l’union de tous ses enfants autour de sa Parole, de son Esprit et de sa Vérité.
Wenceslas Mungimur
Paroisse Saint Laurent/ Virton