Homélie: 5e Dimanche ordinaire C

(Isaïe 6, 1-2a. 3- 8 ; 1Cor 15, 3-8.11 ; Lc 5, 1-11)

Ce dimanche nous propose trois invitations à des vocations, dans des circonstances tout à fait différentes. Trois rencontres différentes avec Dieu ou son envoyé Jésus Christ. Il s’agit de l’appel d’Isaïe, de Pierre et ses compagnons dont les deux frères Jacques et Jean, et de Paul. Le prophète Isaïe rencontre Dieu dans la prière et la méditation. Il découvre Dieu dans le temple. Il le découvre dans une grandeur majestueuse, sur un trône imposant, avec un manteau royal, au milieu de l’encens des séraphins. Il se sent petit et indigne face à cette imposante présence. Mais Dieu, par l’intermédiaire de son Ange, le rassure, lui garantit son appui et sa protection. Isaïe se sent alors conforté et il reçoit la mission de rassurer le peuple en proclamant que le mal n’a pas le dernier mot. En définitive, c’est Dieu qui sortira vainqueur de l’épreuve qu’il traverse. Comme le dit également le Psaume, Dieu n’arrêtera pas l’œuvre de ses mains.

L’évangile nous rapporte un autre appel, une autre vocation. Celle de Pierre et de ses compagnons, occupés à leur travail, au bord du lac. Jésus emprunte leur barque et prend l’initiative de s’éloigner du rivage pour enseigner. À Pierre, après une nuit de travail sans rien prendre dans ses filets de pêche, Jésus ordonne d’avancer au large et de jeter les filets pour prendre du poisson. En acceptant cet ordre de Jésus, Pierre entame une démarche de conversion. Lui, le pêcheur expérimenté, s’en remet à Jésus. « Sur ton ordre, je vais jeter les filets. ». Par ces paroles, il vient de franchir un premier pas vers la confiance. Il n’est plus le maître de la situation, il met ses pas dans ceux d’un autre et voit s’ouvrir désormais à lui tout un champ de liberté.

Même si, par la suite, Pierre passera par des moments de reniement, Jésus le rassurera, lui fera confiance, avant de l’envoyer en mission, lui aussi. : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Par ces mots, Jésus signifie à Pierre qu’il prendra des femmes et des hommes avec une existence concrète, des personnes ayant un visage, une histoire, un environnement humain. C’est à eux, là où ils se trouvent et avec ce qu’ils sont, leurs rêves, leurs désirs, leurs amours, leurs échecs, que Pierre devra annoncer le salut, la libération et des voies vers la réalisation du message de Jésus et de l’Amour de son Père.

Pour nous, reconnaissons que le Seigneur nous invite à avancer au large. Chaque jour, à chaque instant, il nous appelle à sortir des ornières de la routine, à quitter les chemins plats et faciles afin de tenter l’aventure au large, là où il n’y a plus d’autre certitude que celle d’être entre les mains d’un autre, de l’Autre : le Seigneur. Comme le dit Saint Paul : « Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi. »

Dans ce récit de l’évangile, les mots ont leur importance : Cela se passe la nuit, qui est l’image de toutes les peurs qui nous paralysent. Nous sommes aussi près du lac. Le lac, comme les mers, était pour les anciens la demeure des forces du mal. La même idée se trouve dans la tempête apaisée. Quant aux poissons, ils représentent les humains plongés dans le mal, souffrant de l’injustice, de la maladie, de la violence, de l’intolérance. La barque, elle, représente l’Eglise. Tandis que Pierre et les apôtres sont représentés comme des professionnels de la pêche, les responsables de l’Eglise et chacun d’entre nous avons mission d’aider nos frères et sœurs dans leurs souffrances et de leur donner part au bonheur que le Seigneur nous offre gracieusement.

Wenceslas Mungimur, Saint-Laurent/Virton