À son époque, Jésus était toujours confronté à une religion qui avait transformé la loi de Dieu en une série de rites, de préceptes et de lois, plus liés à l’observance des formalités extérieures qu’à l’esprit de la loi de Dieu et à son intériorisation.
Jésus ne pouvait que dénoncer cela, surtout quand il se trouvait face à des responsables religieux, qui, se limitant à ces préceptes et à leur observance, étaient loin de pratiquer la justice, d’être vrais avec eux-mêmes et avec les autres. Bref, ces gens étaient loin d’être dans l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Jésus ne pouvait que les accuser, tant leur comportement était contraire à son message et à sa nouveauté. Il était continuellement aux prises avec toutes ces contradictions de la religion telle qu’elle était pratiquée à son époque et surtout avec les dignitaires religieux qui encourageaient ces pratiques. Dans un autre passage des évangiles, nous nous souvenons aussi de son intervention violente au temple où il renverse les échoppes des marchands, avec les objets nécessaires aux sacrifices, et chasse ces marchands du Temple…
Jésus était surtout farouchement opposé aux multiples obligations, règles et interdits qui paralysaient les hommes et femmes de son temps. Surtout lorsqu’il dénonçait de tels comportements pour insister sur l’importance et la valeur de la personne humaine : par exemple il mangeait avec les pécheurs, touchait des lépreux, parlait aux femmes… L’évangile d’aujourd’hui nous en donne quelques exemples en parlant du rite de purification des plats, des cruches, du lavement des mains etc… Oui, vraiment il va à l’encontre de tout ce que la religion de son temps interdisait et qui était franchement déshumanisant.
Il faut dire que Jésus n’a laissé autre chose que le seul commandement de l’amour, avec le signe du pain et du vin comme symbole d’une vie donnée. « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ! » Un commandement qui rappelle un autre : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même. » Mais nous savons comment, au fil des siècles, les hommes n’ont pu s’empêcher de recomposer un ensemble impressionnant de préceptes et d’interdits, d’obligations et de condamnations et de semer la crainte auprès des chrétiens.
Jésus n’ignorait pas le fait que notre existence a besoin de l’apport de ce qui vit au fond de nous et de ce que nous recevons des autres. Cet apport est appelé à se transformer en grâce pour nous et pour notre entourage. Il ne faut pas nier le fait que l’environnement, familial, national, exerce une influence sur nous. Mais si nous ne mettons pas le mal là où il se trouve d’abord, c’est-à-dire en l’homme, nous courons le risque de détruire tout le sens de la liberté, et donc de la responsabilité qui incombe à chaque individu. Et ce n’est pas pour rien que, chaque dimanche, nous commençons nos célébrations par reconnaître le péché qui est en nous !
L’homme n’est pas un robot, il n’est pas conditionné ni aliéné ; il a la possibilité de choisir entre le bien et le mal. Trop souvent, nous avons cru opérer des libérations à bon compte. Et pourtant il n’y a qu’une seule libération, c’est celle qu’apporte la Parole de Dieu, comme dans l’évangile d’aujourd’hui, qui consiste à changer nos cœurs.
« Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. », nous dit Jacques, dans la deuxième lecture d’aujourd’hui. Et il termine en ces termes : « Devant Dieu notre Père, un comportement religieux pur et sans souillure, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et se garder sans tache au milieu du monde. » Demandons humblement au Seigneur de nous accompagner dans cette vraie démarche religieuse préconisée par Jésus lui-même.
Wenceslas Mungimur
Paroisse saint Laurent de Virton