Par le diacre Olivier Crucifix, homélie inspirée de COLIN, D., Mettre sa vie paraboles, éd.Fidélité
Nous venons d’entendre deux paraboles et le texte d’Ezékiel qui se basent sur des images liées à la nature. Ces textes nous rejoignent dans notre vie quotidienne ainsi que dans notre vie de foi.
Ainsi, Jésus compare le règne de Dieu – le Royaume – à une toute petite graine. De cette petite graine sortira un grand arbre. Sans qu’on s’en rende compte, la croissance de cet arbre est déjà en route dans ce grain de moutarde. Cette parabole nous invite à être humbles et optimistes. On se dit souvent que le christianisme disparaît de nos régions et on pense que la construction du Royaume dès maintenant est arrêtée. Le Seigneur à travers cette parabole nous dit qu’il n’en est rien. Le royaume est toujours en croissance. Même si nous ne le voyons pas. Oui, ce qui est semé par le Seigneur grandira. N’oublions pas que cette graine du royaume, c’est dans notre cœur qu’elle est plantée. C’est à partir de nous et de nos fragilités humaines que les valeurs chrétiennes se déploient comme un arbre déploie ses branches.
Il faut être optimiste, car on ne sait jamais ce qu’un être humain peut devenir. Combien de jeunes ne se font-ils pas dire « qu’est-ce qu’on va faire de toi ? Tu n’es qu’un bon à rien. Tu n’arriveras à rien » A cet instant, je pense beaucoup à tous les jeunes en examen. Je prie pour qu’ils rencontrent -et spécialement dans les écoles et universités catholiques- des enseignants conscients qu’il faut du temps pour faire un arbre, qu’il faut du temps pour faire un homme. Que les gens mûrissent et s’améliorent. Pour faire grandir la graine, il faut se mettre à son niveau. Il faut avoir conscience que, comme ce grain de moutarde, l’homme est imparfait, limité, petit. Il a toute sa vie pour poursuivre sa croissance.
Nous pensons souvent que nous sommes adultes, que nous sommes accomplis. Mais si on y réfléchit un peu. Certains aspects de notre personne sont à l’état embryonnaire. A l’image des textes que nous venons d’entendre ou de la belle nature qui nous entoure, nous sommes sans cesse en train de naître et de grandir. Comme l’arbre de la parabole et comme ceux qui sont ici, nous avons encore à déployer toutes nos possibilités d’amour, de découverte et d’émerveillement. S’émerveiller, c’est aussi se savoir petit. Ce n’est pas pour rien que le Seigneur nous dit qu’il faut être comme un enfant pour entrer dans le Royaume de Dieu.
Grandir selon l’Évangile demande un bon terreau. Ce terreau, nous avons à le chercher non pas dans le champ du voisin, mais bien au plus profond de nous. Comme l’arbre enfonce ses racines dans le sol à la recherche de ce qui le fera vivre, nous devons aussi creuser en nous-mêmes pour trouver nos talents, nos compétences, toutes nos possibilités d’amour. Il s’agit de creuser pour trouver notre ÊTRE propre. Oui, il s’agit bien de se trouver soi-même et cela prend parfois toute la vie. Avant de jeter un regard inquisiteur sur ceux qui ne vivent pas comme nous, n’oublions jamais qu’ils sont comme nous des arbres en croissance. Regardez les arbres. Ils sont tous un peu tordus. On a l’impression qu’ils ont eu du mal de se frayer un chemin dans le ciel. Au cours de leur croissance, il y a eu des nœuds, des endroits tordus. Comme un arbre, un homme pousse en suivant les courbes de sa vie. Les plus âgés d’entre nous savent bien que la vie n’est pas une ligne droite, parfaite, sans aspérité.
Vivre selon la parabole du jour et de l’Évangile, c’est accepter de grandir à son rythme et d’accepter que les autres grandissent à leur propre rythme. Patience et humilité sont deux valeurs importantes du chrétien.
La patience que l’on a à l’égard des autres qu’on appelle conjoint, ami, enfant, élève permet à cet autre qui est mon prochain de fleurir là où il a été planté.
Frères et sœur,
Si les lectures du jour nous renvoient à notre propre existence et à la croissance du Royaume de Dieu, elles nous font aussi penser à la Création, à la nature qui est là, belle et fragile. Nous sommes invités à nous replonger dans le livre de la Genèse où il est écrit que Dieu créa un jardin et y plaça l’homme. Si Dieu a semé un jardin en nous, il nous a placés aussi dans un jardin merveilleux qu’il faut entretenir. C’est la mission que le Pape François nous confie. Respecter le jardin, l’entretenir pour qu’il puisse continuer à croître. Il faut l’entretenir. Notre avenir est intimement lié au sien. Oui, le pape François œuvre pour le bien de la création. C’est pourquoi les intentions de ce jour s’inspirent de la prière qu’il a rédigée pour notre terre en conclusion de son encyclique Laudato si’.
Olivier Crucifix